Edito

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Nous voici donc en pleine campagne électorale ! On ne peut pas dire que les politiques nous aient beaucoup gâtés ces dernières années et tout ce que nous avons obtenu l’a été grâce au rapport de force que nous avons su construire. Rien ne nous a été donné. De nouveau les belles paroles et les belles promesses pleuvent. D’ailleurs le terme « belles » n’est pas toujours approprié tant, ce qui se cache derrière les programmes de certains ou certaine est nourri de valeurs qui ne sont franchement pas les nôtres.

 

Comme à son habitude, le SFA n’appelle pas à voter pour tel ou tel candidat. En revanche il questionne, analyse et interpelle. Cette fois encore nous interpellerons les candidats. Les questions que nous posons portent essentiellement sur les intentions dans le domaine culturel, notamment à propos de l’exercice de nos métiers, ce qui implique aussi quelques interrogations sociales. Certains répondent, d’autres non. Dans ce numéro de Plateaux, nous vous présentons quelques éléments des programmes des candidats en matière de politique culturelle. Le syndicat n’a pas à émettre un avis sur les programmes intégraux des uns et des autres, ni sur leur capacité respective à gouverner. Cependant et de façon évidente, les orientations économiques du candidat vont déterminer ses options culturelles. Ses choix programmatiques sur les questions sociales vont affecter la vie quotidienne de la grande majorité des résidents du pays, et par conséquent des artistes interprètes. Sa vision des questions internationales et européennes peut, non seulement peser sur la guerre et la paix, mais aussi sur la diversité culturelle et l’emploi des artistes dans le monde, autant que la circulation des œuvres…

 

Le SFA, à travers ses statuts et ses orientations, promeut la liberté d’expression, la paix, la diversité culturelle dans un esprit de solidarité… Est-ce que tous les candidats présents peuvent porter nos valeurs ?

 

Cette année le choix semble plus compliqué qu’à d’autres époques. La vie politique, en France comme ailleurs, semble participer de plus en plus de la société du spectacle ; pas le spectacle dont nous faisons notre métier mais celui du fric et de l’indécence. En même temps, les forces obscures, réactionnaires, se lèvent dans de nombreux pays, gagnent des élections. La France n’est pas indemne. C’est pourquoi il est essentiel que chacun s’informe et participe à cette échéance capitale, pour empêcher qu’ici aussi on construise plus d’inégalité, de pauvreté,

de discrimination, plus de peur et de haine, qu’on s’attaque à plus fragile que soi, que l’on ferme les frontières à la richesse humaine et culturelle. Notre travail en tant qu’artiste consiste à s’ouvrir à l’autre, qu’il soit un partenaire de scène, un membre du public ou un quidam qu’on croise. On le regarde dans les yeux, on lui ouvre notre cœur, on partage ce que nous avons, ce que nous sommes. Les arts et la culture peuvent élever les esprits, mais ils ne peuvent pas tout. Il faut aussi que chaque citoyen s’engage pour modeler la société dans laquelle il veut vivre.

 

Quel que soit le sort des propositions initiales des candidats au fil de la campagne, quel que soit le nom du vainqueur et quelle que soit la nature de la législature qui suivra, l’expérience nous montre que la présence active, le combat des citoyen.ne.s - dont les artistes interprètes et le SFA, leur syndicat - resteront plus que jamais essentiels pour défendre les droits de toutes et de tous, et pour imposer une politique culturelle diverse et digne à travers le territoire, où les artistes interprètes puissent vivre de leur métier, pour que les œuvres qu’ils jouent, chantent, dansent, puissent contribuer à l’émancipation de chacun et de la population toute entière.

 

La Délégation générale