La loi du plus fort érigée en système ...

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La loi du plus fort érigée en système : qui pouvait mieux servir un tel projet qu’Emmanuel  Macron ? Retraites, assurance chômage, sécu : il prévoit de s’attaquer à ces trois fronts en moins d’un an. Aucun projet de loi détaillé n’est encore connu à ce jour, mais les lignes politiques sont explicites : l’âge de départ à la retraite doit reculer, il faut contraindre les travailleuses et travailleurs à reprendre n’importe quel emploi à n’importe quel prix, et affaiblir la part de la sécu issue de la solidarité pour renforcer son aspect assurantiel. C’est le capitalisme 7.0.

Et en plus de ça, on va avoir froid cet hiver. Heureusement qu’on pourra se consoler en regardant la coupe du monde enfoui sous nos plaids. C’est désespérant, non, de voir que ceux qui font des choix impliquant toute la société, sont ceux qui n’en paient jamais les conséquences ?

Dans nos secteurs, il y aurait beaucoup de choses de bon sens à faire pour l’écologie : favoriser les contrats longs, obliger les théâtres à acheter plusieurs dates d’un coup, au lieu de balader des décors et des équipes pour des « one shot », isoler les bâtiments… Mais rien de tout cela n’a l’air urgent ; on va se contenter d’arrêter de chauffer les théâtres, et puis on dira qu’on a fait un geste pour la #planète.

Et le streaming ? On en parle ? Parce qu’il y a le problème syndical : le développement massif des plateformes continue d’être très peu ou pas encadré avec les dégâts que l’on sait pour les artistes interprètes – et pas que. Il y a aussi le problème de société : la culture consommée – c’est le mot – de manière toujours plus individualisée, est en train de finir sa mutation en un marché comme un autre (et c’est le moment qu’a choisi le gouvernement pour en finir avec la redevance, sans proposer aucune alternative de financement pérenne pour l’audiovisuel public).

Il y a encore un désastre écologique que l’on contemple passivement : celui dû au caractère absolument énergivore de l’industrie du streaming.

Finalement, tout ça dans un contexte où nos niveaux de vie se dégradent à vue d’oeil, ça commence à faire beaucoup.

L’absence de revalorisation salariale – c’est-à-dire la baisse réelle des revenus – dans le spectacle nous mène à une situation qui devient alarmante.

Alors, vous qui lisez Plateaux, on ne veut pas vous saper le moral, hein ? ! On a de petites idées sur le bout par lequel il faudrait prendre le problème. Si on veut que nos employeurs entendent que ça ne peut plus durer longtemps comme ça, et qu’il va falloir les revoir, ces grilles salariales ; si on veut que Macron entende que notre système de solidarité on y tient et qu’il n’a qu’à enfouir ses projets encore plus hermétiquement que des déchets nucléaires à Bure ; si on veut que tous ces dirigeants entendent que les mieux placés pour faire des choix vivables pour la planète ce sont les salarié·es et pas ceux qui s’enrichissent du fruit de leur travail… et ben il faut le leur dire. Le leur dire tous et toutes ensemble, et à voix haute, en scandant un peu, genre en rythme vous voyez ? Et pour être sûr de le dire bien fort, on pourrait se donner rendez-vous le même jour au même moment, et puis revenir le lendemain si ça n’a pas suffi, et puis si c’est un jour de travail, ben on dirait qu’on se mettrait en grève pour pouvoir continuer à être ensemble à scander des trucs, vous voyez toujours ?

Et puis au moins on se tiendrait chaud les un·es les autres et c’est toujours ça.