FNAS Elections - Réflexions

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Article paru dans Plateaux n°208 - 1er trimestre 2012

« Le droit de vote ne s'use que si l'on ne s'en sert pas » a-t-on l'habitude de dire ! Depuis le temps, cette formule malheureuse s'est usée sans avoir jamais fait la preuve de son efficacité. Quelle idée aussi de déprécier un droit capital en le rapprochant, si peu que ce soit, de la pile Wonder !

 

Il est vrai cependant, qu'à l'occasion de telle ou telle élection dans notre champ professionnel, il paraît nécessaire de chercher des arguments pour inciter les artistes interprètes à voter et tâcher de les convaincre de l'importance d'exercer ce droit fondamental.

(Soit dit en passant, c'est une chose curieuse que d'avoir à rappeler (ou prétendre le faire) des droits élémentaires essentiels à des artistes dont le métier est de travailler sur des textes qui, visant à divertir nos contemporains, ambitionnent de leur donner quelques éléments pour mieux comprendre le monde et leur permettre d'avoir un peu prise sur leur destin !)

 Mais voilà qu'au moment d'écrire ces lignes, me revient en mémoire un message reçu il y a quelques jours, un appel à soutenir la lutte de 51 employés municipaux colombiens licenciés pour s'être syndiqués ! Menaces de mort, contrainte à l'exil…Ils demandent simplement que leurs droits soient respectés… Il y a un an à peine, le "Printemps arabe". Nous saluions ces femmes et ces hommes courageusement soulevés contre la tyrannie pour gagner le droit à la parole… Nous espérions pour eux (nous l'espérons toujours) que leur révolution ne leur soit pas (trop) confisquée. Et aujourd'hui encore, en Syrie et ailleurs…

Quel rapport avec l'objet de cet article ? Aucun ! Nous saisissons simplement l'occasion pour nous rappeler que le chemin qui mène aux élections, y compris à celles dont il est question ici, que le chemin pour conquérir le droit de vote et de s'exprimer librement est parsemé de pierres à visage humain dans notre pays également…

Pour en venir aux élections du FNAS. En France, au lendemain de la guerre, la loi a rendu obligatoire la constitution de comités d'entreprise (CE) dans les entreprises de plus de cinquante salariés. Avant même leur création, les pressions patronales ont réussi à diminuer les prérogatives de ces organismes et la portée de leur institution. Aujourd'hui, Madame Parisot et le Medef caressent le projet de relever le seuil de 50 à 250. Pourquoi, sinon parce que ce sont des outils syndicaux aux mains des salariés qui leur permettent de résister au pouvoir patronal ?

A l'inverse, dans le champ conventionnel du secteur subventionné, en 1972, les partenaires sociaux ont créé le FNAS (Fonds national d'activités sociales), organisme social qui fait fonction de CE pour les salariés (quels que soient leur catégorie et leur statut) de plus de 8000 entreprises dont plus de 95 % ont moins de 10 salariés !!! Bagatelle !

Le FNAS, c'est cela avant tout, une conquête sociale destinée à améliorer un peu, beaucoup, passionnément la vie des salariés en leur offrant moult activités et séjours de vacance, c'est un lieu d'échange et de réflexion, un outil syndical – géré par les élus des salariés – qui contribue à la formation des élus représentant les salariés. Ce n'est quand même pas négligeable !

Mais n'oublions pas les mots du poète : « Rien n'est jamais acquis à l'homme… »

 

(Se souvient-on par exemple que la consultation des salariés pour élire leurs représentants à la sécurité sociale a peu ou prou disparu ? C'est un de ces « acquis », jamais acquis, une de ces choses anodines, un de ses (petits ?) droits négligés par les salariés, mais que le patronat, lui, ne néglige jamais d'essayer de leur reprendre : Les retours en arrière sont à portée de main, si l'on peut dire.

Il faut le savoir et ne pas le perdre de vue : rien dans le fonctionnement du FNAS et sa gestion démocratique, rien dans ses orientations, ses choix et ses priorités, rien non plus dans ses activités et leur contenu n'est inscrit dans le marbre, pas même sa pérennité ! Cela dépend des salariés eux-mêmes ; cela dépend de leur volonté et de leur implication et avant tout de leur conscience que cet outil est le leur. Et bien sûr, cela dépend beaucoup des femmes et des hommes qu'ils choisissent d'élire pour les représenter.

Vous savez, nous savons ce qu'il nous reste à faire. VOTER.

Votez pour les listes présentées pas la Fédération du spectacle CGT où figurent les candidats du SFA.

 

Aristide DEMONICO