Article paru dans Plateaux n°203 - 4ème trimestre 2010
Gabriel Monnet nous a quittés. Il avait 90 ans.
Issu de la résistance, formé par l'éducation populaire, comédien, metteur
en scène, il fut un des pionniers de la décentralisation théâtrale
(création de la maison de la culture de Bourges, puis
Théâtre de Nice, de Grenoble) inlassable défenseur de la culture et du théâtre
au service de tous, il nous laisse un héritage éthique, artistique dont
nous nous devons d'être les dépositaires.
Gourmand des mots, poète, il nous lègue son amour du théâtre et sa joie
de vivre.
L'Union des artistes avait eu le privilège de le rencontrer en septembre
2009. Nous nous souvenons avec émotion de son accueil généreux,
chaleureux, dans sa campagne héraltaise qu'il aimait tant.
Le film de cette rencontre a été projeté en décembre au théâtre Mouffetard.
Il rend fidèlement compte de ce qu'était toujours Gaby, gai, sincère,
passionné, ouvert aux autres ...
Nous nous associons à la peine de notre amie Monette, son épouse, à celle
de son fils Jean-Claude.
L’Union des artistes
Les droits du rêve
Tous ces gens bien élevés, surélevés,
qui prétendent nous faire la leçon,
nous corriger au nom de
la « vraie culture » – la leur, hélas !
ont-ils jamais regardé
vivre un arbre ? Sans doute…
Mais un arbre par exemple enraciné
en tête d’homme ?
Un arbre à mondes parcourus
de vents bleus,
peuplés d’absences en forme de femmes,
déchirés de silences
de lunes de violons ou de fleurs ?
Je ne saurai jamais et qui et à quoi
peut servir une « Maison de la Culture »,
si ce n’est à recevoir en toute saison
ces arbres-là. Pour le plaisir de les voir
tout simplement vivre comme chez eux
parmi les autres.
Aussi déraisonnablement
que dans toute forêt que l’on respecte,
c’est-à-dire où les arbres sont libres
de ressembler à ce qu’ils sont.
Gabriel Monnet
Bourges – octobre 1963