Le Syndicat français des artistes-interprètes ne peut se permettre de rester silencieux au moment où un choix difficile, dont les conséquences pèseront sur ses mandants dans l’exercice de leurs métiers, leur capacité à s’exprimer librement et à agir collectivement au sein de leurs syndicats, se présente. Mais bien sûr les résultats de cette élection présidentielle affecteront les habitants du pays, salarié.e.s ou non, française.e.s ou non, bien au-delà de notre seule corporation.
Le programme du Front National est construit sur une philosophie et des mesures de fermeture, d’exclusion, de repli. Il promet la fermeture des frontières, le rejet de l'autre, le recul social, la mise en danger des syndicats et de la représentation des salarié.e.s. Il va jusqu'à promettre de rendre l'école payante pour les enfants d'étrangers, et comble de l'ignominie, il nie la responsabilité de l'Etat français dans les rafles du Vel d'Hiv. Ce ne sont pas les « avancées » programmatiques que Dupont Aignan clame avoir gagnées qui peuvent nous rassurer.
Nos métiers et nos pratiques d’artistes exigent pourtant l’ouverture à l’autre, l’inclusion des influences et des peuples venus de partout, le progrès et le mouvement. Nous savons qu’une culture s’enrichit par la rencontre, le métissage, la curiosité, la liberté d'aller et venir sans tenir compte des frontières, la liberté de parole et de création... Mais dans de nombreuses collectivités gérées par le FN et ses apparentés, des spectacles sont censurées, des expositions fermées, et le clientélisme populiste est affirmé.
Le SFA se positionne donc clairement pour battre Marine Le Pen et ses idées partout : dans les urnes, dans la rue, dans les esprits aussi.
Bien sûr, en face, le seul choix proposé est Emmanuel Macron. Nous ne sommes pas naïfs, nous connaissons son programme libéral, fragilisant le statut même de salarié, la protection sociale, déresponsabilisant les employeurs et ne proposant qu'une vision financière et libérale de l'Europe, là où nous la souhaitons sociale et culturelle. C’est une continuation aggravée de la politique actuelle, à laquelle Macron a lui-même fortement contribué lors de son court passage au gouvernement.
Nous savons qu'il faudrait le combattre, pied à pied, que la lutte sera rude. Nous savons aussi que l’amplitude de notre mobilisation devra être nettement plus puissante que ces dernières années. Il faudra que les artistes aussi s’impliquent fortement dans la bataille pour défendre les droits de toutes et tous, au-delà de la seule assurance chômage ! Mais avec un gouvernement social-libéral nous pourrons nous battre. Avec le FN au pouvoir rien ne serait moins sûr. N’oublions pas sa volonté d’accroître le pouvoir de la police et de diminuer celui de la justice ! Le combat contre le libéralisme, qui fait le lit du populisme réactionnaire du FN, est une nécessité pour ralentir et à terme éradiquer la progression de l’extrême droite.
Alors à l'heure de ce choix douloureux, le SFA appelle à mettre dans l'urne un bulletin qui compte, pour l'avenir des arts et de la culture, pour l'avenir de la démocratie, contre l’extrême droite.
Puis viendront les élections législatives qui seront l'occasion de voter massivement pour les candidats porteurs des valeurs du progrès social.
Le SFA lutte et luttera toujours pour les droits des artistes interprètes, pour la liberté de création, pour la libre circulation, pour l'égalité en droits, pour la défense des plus fragiles.