Aujourd'hui, 13 Janvier 2020, nous vivons le 40ème jour de grève.

Aujourd'hui nous savons que dans ce bras de fer avec le gouvernement, le temps risque de devenir notre ennemi.

Pourquoi ? Parce que celles et ceux qui font grève depuis 40 jours se sentent seuls et risquent de laisser tomber. Ce n'est pas seulement la question financière, les caisses de grève se remplissent, mais c'est le fait de ne pas voir le nombre de grévistes enfler, les autres professions entrer dans le cortège, et ainsi assurer une victoire à la hauteur de ce mouvement.

C'est la fatigue et l'abattement nos pires ennemis dans ce combat.

Aujourd'hui nous, artistes interprètes de toutes disciplines, permanents et intermittents, devons nous interroger sur la grève. Beaucoup d'entre nous avons choisi pour le moment le soutien, la prise de parole informative, le reversement de salaires, et cela est une forme d'action militante très forte. Nous connaissons le pouvoir que nous donne la scène. Nous sommes alors dans la lumière. Nous pouvons porter cette parole revendicative collective. Et beaucoup le font

Mais aujourd'hui est-ce que cela suffit encore ? Comment gagner si nous restons majoritairement dans « la grève par procuration » ?

Nous ne pouvons pas laisser les cheminots, les salarié.e.s de l'opéra de Paris, les agents de la RATP, dans la grève avec ce douloureux sentiment de solitude. Ce sont des questions que nous devons nous poser individuellement et collectivement.

Aujourd'hui nous ne pouvons nous penser en dehors ou juste à côté. Nous devons être dedans.

Car quelle que soit la « fragilité » de nos employeurs, ou notre propre fragilité, aujourd'hui nous devons nous poser la question de la grève, de trouver les moyens de ne plus participer à la richesse économique du pays tant que cette crise durera, mettre au service du mouvement  notre capacité créatrice contre le projet de réforme des retraites.

Quel que soit votre secteur, radio, télévision, cinéma, doublage, variété, cirque, groupe de musique, orchestre, bal, théâtre, danse, art lyrique..., aujourd'hui c'est cela que le SFA vous demande, en solidarité avec tous les grévistes qui tiennent le bras de fer depuis plus d'un mois. Nous leur devons bien au minimum cette question : "aujourd'hui, que fait-on ?"