Après avoir successivement baissé le seuil d’ouverture des établissements recevant du public à 1000 personnes, puis 100, nous faisons face maintenant à une fermeture totale des salles de spectacle. À cela s’ajoute la mesure, nécessaire, de confinement qui a entraîné aussi une cessation d’activité sur les plateaux de tournage (TV et cinéma) et les studios d’enregistrement (à Radio France, notamment). Depuis le 6 mars, le SFA s’efforce de mesurer les conséquences de ces restrictions sur l’emploi des artistes interprètes, avec un questionnaire accessible ici.
L’analyse, à la date du 18 mars, est édifiante : nous estimons qu’au moins 15 452 artistes interprètes, qui étaient engagé·e·s sur les mois de mars et avril, se retrouvent privé·e·s de travail, pour quelques 8590 dates annulées au total (tout secteur confondu : spectacle vivant, tournage, etc.). Sur ces 15 452 artistes, seuls 2024 ont eu la promesse d’un report de leur engagement. Seulement 430 des répondants nous ont indiqué avoir reçu de leur employeur une promesse de compensation financière, dont nous ne connaissons pas les modalités.
Nous commençons aussi à recueillir des témoignages d’artistes interprètes en grande difficulté financière, du fait des annulations de contrats. Beaucoup d’entre eux manifestent aussi une grande inquiétude vis-à-vis de Pôle emploi et de l’ouverture de droits à l’assurance chômage. Certains des artistes qui ont répondu perdent plus de 30 dates, ce qui représente un « manque à gagner » de 360 heures, au moins, sur les 507 requis pour l’ouverture de droits.
Face à cette situation dramatique, nous appelons le ministère de la Culture à faire preuve de responsabilité : il en va de la survie de milliers d’artistes interprètes. Nous demandons donc :
- La création d'un fonds d'urgence pour indemniser les entreprises et les salarié·e·s des conséquences des annulations. Les salaires doivent être payés quoi qu'il arrive ;
- La modification immédiate des décrets sur l'assurance chômage pour prendre en compte la chute brutale de l'activité, notamment pour les intermittents du spectacle, avec prolongation des droits et de la période de recherche d’affiliation. Nous exigeons avec notre confédération l’annulation du durcissement des règles du régime général ;
- La mobilisation du fonds de professionnalisation pour faire face à toutes les situations sociales ;
- La suppression des seuils d’accès aux prestations en espèce de la sécurité sociale (maladie et maternité).