JEAN-PAUL BELMONDO, ARTISTE DRAMATIQUE... ET SYNDICALISTE !

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7 Septembre 2021

Jean-Paul Belmondo a tiré définitivement sa révérence hier. Si les médias saluent son immense talent et sa riche carrière, nous ajoutons à ce flot d’hommages un aspect méconnu de sa vie : son engagement syndical, au service du SFA et de la CGT.

 

Sa carrière cinématographique a en effet démarré en 1957, dans un film réalisé par Henri Aisner et commandé par la CGT. Intitulé “les copains du dimanche” (qui avait aussi au générique Michel Piccoli), l’objectif de ce film était de “célébrer la fraternité ouvrière”, ainsi que le résumait Jean-Paul Belmondo lui-même dans un ouvrage paru en 2016.

 

Rapidement, il prend sa carte à ce qui était à l’époque le Syndicat français des acteurs (SFA), et participe en 1962 à son premier Gala de l’Union, pour l’Union des Artistes. En novembre 63, peu de temps après avoir tourné “L’homme de Rio”, il est élu président du syndicat, à l’unanimité. Voici dans le même ouvrage cité plus haut ce qu’il déclara au sujet de son engagement : “Je m’étais toujours senti concerné par les combats militants, car il était question de défendre nos droits à une époque où les réalisateurs empochaient toute la gloire, et les producteurs tout le pognon. [...] Ma considération pour le métier d’acteur était bien trop grande pour permettre sans broncher qu’on nous dévalue, nous spolie, nous maltraite. [...] Il n’était donc pas question de combattre à distance, de loin, sans être immergé dans les préoccupations communes”. Durant 3 ans, Jean-Paul Belmondo mit sa notoriété au service du syndicat et des artistes à la position moins assurée : “Le spectacle, ce sont les quelque vingt mille comédiens, acteurs de cinéma, de théâtre, de télé, qui travaillent quand on veut bien leur en donner l’occasion et dont beaucoup ont bien du mal à vivre de leur métier, ce métier qu’ils ont choisi et qu’ils aiment. Et ceux-là, je vous assure, ils ont besoin d’être syndiqués et de se battre pour la vie. J’ai des tas d’amis qui travaillent trois mois par an et moins parfois. Mais il faut manger pendant douze mois. Les sources d’emploi, voilà le problème.”

 

Il démissionne de son mandat en 1966, trop accaparé par sa carrière à la croissance exponentielle, ainsi qu’il l’expose dans un courrier que nous reproduisons ci-après. Il resta adhérent du syndicat de nombreuses années après, et continua encore, quand le temps le lui permettait, de participer aux Galas de l’Union.

 

Nous adressons, au nom de tout le SFA, nos plus sincères condoléances à sa famille, et saluons encore une fois l’homme, l’artiste et le militant qu’il fut. Adieu, camarade.