L'éducation, la démocratie culturelle, et la démocratie sociale sont des piliers fondateurs de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
Des terroristes cherchent à diviser, à mettre en opposition, à exacerber les replis communautaristes et le rejet de l'autre.
Les citoyens et résidents de notre pays ont dénoncé l'horreur de la barbarie, en refusant obscurantisme et en affirmant leur solidarité et leur soif plus que jamais vivante de démocratie.
Le Président et le gouvernement, pour leur part, répondent par la généralisation de l’état d'urgence, la mise sous contrôle des libertés fondamentales comme le droit de manifester, de se rassembler, d'exprimer ses revendications et aspirations, nos libertés fondamentales.
Il reste que le populisme xénophobe surfe sur la vague d'inquiétude, de peur et du réflexe sécuritaire, comme le montrent les résultats du 1er tour des élections régionales.
État d'urgence ou pas, il est nécessaire que le gouvernement se mobilise pour la défense des politiques culturelles, avec l’éducation un des enjeux majeurs de la citoyenneté, encore plus cruciaux que d’ordinaire dans le contexte actuel. Demain combien de budgets culturels ou éducatifs des collectivités territoriales vont se trouver en opposition au développement des budgets sécuritaires ? Nous refusons cette perspective populiste et démagogique.
C'est dans ce contexte que le Ministère de la Culture et de la Communication travaille avec le Centre National des Variétés, chanson, jazz, musiques actuelles et populaires (CNV) à la mise en œuvre d'un fonds d'urgence. Depuis les attentats de novembre, des spectacles ont été annulés, des spectateurs, ayant réservé leurs billets, ne se sont pas déplacés et même si la situation est très variable, on note un effondrement des réservations pour les spectacles à venir. Le but affiché du fonds d'urgence est bien de mettre en œuvre des mesures de sécurité rassurant les publics, d'aider les entreprises en difficultés dans ce contexte mais aussi de financer les emplois prévus par les contrats, les salaires et les droits sociaux.
Les salariés, artistes comme techniciens, subissent de plein fouet les annulations de dates entrainant les pertes de journées de travail, tandis que les personnels des lieux, d’accueil notamment, sont confrontés directement aux risques physiques. La Cgt spectacle et ses syndicats sont bien évidemment impliqués dans ce fonds et formulent un certain nombre de demandes et de propositions.
Le fonds est aujourd'hui financé par 2,5 M€ pris sur les réserves du Cnv, 1M€ du MCC, 500 000€ de la Sacem, entre 500 000€ et 1M€ de l'Adami, par la Sacd, et certains autres sociétés civiles sont susceptibles de les rejoindre. Le champ d'intervention est plus large que les entreprises entrant dans le champ du CNV.
Tandis que certains proposent de limiter les aides aux entreprises et aux salles au-dessus d'une jauge fixée, nous souhaitons que ce fonds soit un dispositif d'aide et de solidarité pour toutes les structures de création et de diffusion privées ou subventionnées, quels que soient leur taille et leurs modèles économiques, destiné notamment à assurer le respect des contrats des professionnels travaillant dans des spectacles annulés suite aux attentats. Pour y parvenir nous proposons d'ajouter 1€ au prix de chaque billet de spectacle afin de financer ces actions d'aides et de solidarité, ainsi que la création d'un fonds de dotation ouvert aux entreprises dont des salariés-e-s ont été victimes des attentats. A ce propos se posera la question de la solidarité que devraient développer les grands groupes concentrés.
Bien évidemment, affirmer sa solidarité pleine et entière aux victimes, c'est assurer leurs familles et les blessé-e-s qu'ils bénéficieront des aides d'un tel fonds.
Ces propositions, la Cgt Spectacle et ses syndicats entendent les porter auprès des pouvoirs publics et tout particulièrement lors du Conseil d'Administration du CNV, le 9 décembre prochain, convoqué notamment sur ce sujet.