Édito

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Nous nous réveillons au lendemain des élections législatives avec un goût amer. Les résultats révèlent une montée en puissance de l’extrême droite, que nous craignons et dénonçons depuis fort longtemps. Nous assistons aujourd’hui impuissants ou presque à l’expansion de son influence.

Il faut partout rappeler les dangers de ces partis qui n’apportent, là où ils sont mis en place, que peur, individualisme, destruction des droits et réduction des libertés.

Il faut répondre à la crainte du déclassement, au sentiment d’injustice sociale, par la force de nos revendications, de nos mobilisations, par notre capacité à agir collectivement pour améliorer les conditions de vie et de travail. Car l’extrême droite n’a jamais, et nulle part, réglé les problèmes liés aux inégalités. Bien au contraire.

Pour traverser ce matin brun qui dure beaucoup trop, nous avons plus que jamais besoin de nous unir, de former un bloc solide afin de revendiquer une société plus égalitaire, à commencer par nos propres salaires, nos propres outils de travail, car c’est en ayant les moyens de travailler que nous pourrons prendre pleinement notre place dans ce combat essentiel contre la dérive fasciste.

Il est ainsi urgent de porter haut et fort la nécessité d’une revalorisation salariale qui permette de vivre dignement de nos métiers malgré l’inflation et les effets de la guerre en Ukraine. Nous devons revendiquer les moyens et orientations pour une vraie politique culturelle qui met au coeur de son projet les artistes interprètes. Car nous sommes les bâtisseuses et les bâtisseurs de nos arts, nous sommes les ambassadeurs et les ambassadrices sur les territoires, nous sommes les meilleurs défenseurs de notre liberté d’expression et de la diversité de création.

Nous avons en réalité la chance et la responsabilité de pouvoir apporter un regard différent sur le monde, sur ce monde, un regard artistique, parfois critique et toujours empreint de la richesse de nos différences.

Mais comment faire quand de grandes régions comme Auvergne-Rhône-Alpes sacrifient tous les outils, déstructurent sciemment tous nos secteurs au profit d’une politique culturelle clientéliste, tellement éloignée des nécessités actuelles de recréer du lien, de la curiosité, de la rencontre avec l’autre, l’inconnu ?

Comment faire quand des groupes comme ACCOR rachètent des lieux culturels historiques (en ayant bénéficié d’argent public pendant la crise Covid-19) pour les transformer en annexe de leurs hôtels ? Et ceci dans un esprit purement consumériste, sacrifiant au passage la particularité des spectacles et tous les artistes interprètes qui pourtant ont participé à la reconnaissance de ce nom, de ce lieu qui aujourd’hui devient une marque : le Lido ?

Ce sont nos enjeux actuels et à venir. Ils sont grands, mais nous sommes de taille quand nous sommes ensemble.

Alors hauts les coeurs camarades et collègues, syndiquons, militons, agissons et surtout restons uni·es car « quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat, fou qui songe à ces querelles au coeur du commun combat » (Aragon).

La Délégation générale