Alors que se fêtait la musique un peu partout en France, alors que le président Macron choisissait de s’exhiber aux côtés de Justin Bieber pour afficher son amour de cet art, Pretty Yende souffrait, anonyme et isolée, de la brutalité de la police française.
Alors donc le monde de l’Opéra n’est plus celui qu’il était encore il y a 50 ans. Nos stars ne sont plus reconnues comme des divas. Encore moins par la police du terminal 2B de Roissy CDG… Parce que, oui, Pretty Yende est une star : à 36 ans, la soprano sud-africaine qui a fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York a chanté sur les plus grandes scènes d’opéra. Elle se produit régulièrement en France, ce qui devrait nous enorgueillir.
Oui, mais Pretty Yende est noire. Et, à la veille d’une représentation de la Sonnambula de Bellini au Théâtre des Champs-Élysées, voilà qu’elle se fait brutaliser par les policiers de l’aéroport, qui la fouillent, l’enferment seule dans une pièce glacée du terminal, et la laissent angoisser sur son sort qu’elle imagine bien… noir. Les fantômes de Georges Floyd aux États-Unis et d’Adama Traoré chez nous errent-ils à ce moment dans sa cellule ? En novembre dernier, Michel Zecler se faisait tabasser gratuitement dans son studio d’enregistrement.
Pretty Yende a connu l’apartheid pendant son enfance, quel affreux retour de bâton n’a-t-elle pas subi en débarquant dans un pays censé symboliser les droits de l’Homme et la liberté ?
Nous avons honte ! Jusqu’où l’impunité de la police va-t-elle se déployer ? Quand de réelles mesures seront-elles prises contre le racisme, le délit de faciès, la violence gratuite émise par ceux et celles censé·es nous protéger ? Sans parler du fait qu’il est dorénavant impossible de manifester en étant certain·e de rentrer sain·e et sauve/sauf chez soi…
Tous les politiques s’acharnent à nous parler de sécurité, mais… Comment pourrions-nous nous sentir en sécurité quand c’est la police elle-même qui entretient l’angoisse collective ?
Nous exigeons qu’une enquête indépendante soit ouverte et que des sanctions proportionnées à la gravité de ces actes soient infligées aux policiers en cause. Nous apportons notre soutien plein et entier à notre collègue Pretty Yende et nous lui assurons que les professionnels du spectacle sont honorés de sa présence sur notre sol, comme celle de tous nos collègues, venus de tous les pays, qui doivent pouvoir circuler et travailler en sécurité, quelle que soit la couleur de leur peau.