Auditionné par le Sénat le 25 octobre dernier, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé de possibles annulations ou reports de festivals et de grands évènements à l’été 2024 en raison de la mobilisation exceptionnelle des forces de police pour la tenue des jeux olympiques et des jeux para-olympiques.
Depuis ses déclarations, les voix des professionnels du secteur et des élus locaux se multiplient pour dénoncer cette décision unilatérale qui menace véritablement tout un secteur mais aussi le tissu économique sur bien des territoires.
En ce qui concerne les salarié·es ou les artistes auteurs, des annulations signifieraient de nouvelles pertes de revenu, sans aucune compensation, et cela après deux années de mesures sanitaires qui ont mis le secteur à genoux. Quant aux éventuels reports, de quoi parle-t-on ? Dans sa globalité, les JO 2024 vont mobiliser les forces de l’ordre (45000 policiers par jour) pendant près de trois mois à compter du 26 juillet 2024. Qui croit sérieusement possible de reporter les spectacles planifiés dans ces conditions ? Pour les artistes, les technicien·nes et tous les autres professionnel·les du spectacle, toute la saison serait sacrifiée.
Le fait qu’un ministre de l’intérieur entrave, d’une certaine façon, la liberté de création et de programmation est un précédent grave. Les JO 2024, quel que soit leur caractère exceptionnel, ne peuvent pas tout justifier.
Aux alertes sur des annulations de spectacle s’ajoutent d’autres menaces : une loi d’exception est actuellement en projet pour pouvoir déroger au droit du travail pendant la période des jeux. La CGT Spectacle et ses syndicats demeurent mobilisés pour que nos conventions collectives et les règles protectrices des travailleurs et travailleuses du spectacle ne soient pas visées par cette loi d’exception.
Nos professions ont traversé pendant deux années un enfer et de nombreux·ses professionnel·les ont été laissé·es au bord de la route. Les organisations salariales du secteur (CGT, CFDT, CGT FO, CFE CGC, CFTC) ont adressé cette semaine une demande de rencontre à la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, alors qu’elle a déjà pris le soin d’échanger avec les organisations patronales du secteur.
Nous prévenons : il est impensable que les manifestations culturelles, en particulier les plus fragiles, soient à nouveau empêchées. Si des annulations ou des reports sont annoncés, la CGT Spectacle appellera la profession à se mobiliser.