JO 2024… Faire mieux ensemble ! Vraiment ? Et si le 26 juillet cela se faisait sans les artistes ?

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Nous, “cohortes d’artistes (acteurs, danseurs, acrobates…)[1] des cérémonies d’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, avons à coeur de participer à “une cérémonie de célébration [et] de fédération”[2].
 
Pourtant, alors que le slogan “Faire mieux ensemble”[3] s’affiche aujourd’hui partout dans les rues de Paris, nous constatons que nos conditions d’emploi n’ont pas été discutées ensemble, ni pour le mieux !
 
À plusieurs reprises le Syndicat français des artistes interprètes a alerté Paname24, le producteur éxécutif des cérémonies, de pratiques contractuelles non conforme à la convention collective. Nous avons également pointé des pratiques douteuses, de criantes inégalités de traitement ainsi qu’une absence de dialogue social au cours des préparations des cérémonies.
 
Suite à notre communiqué de presse du 7 juin 2024 et notre saisine du comité de la Charte Sociale des JO, deux réunions de négociations se sont tenues avec Paris 2024 et Paname24, les 3 et 9 juillet 2024, mais aucune réponse ne nous a depuis été apportée, sur les points suivants :

  • Pourquoi les droits voisins, perçus en rétribution de la captation et de la diffusion de leurs prestations chorégraphiques, fluctuent de 60 € pour les intermittents du spectacle - exclus jusqu’alors des négociations collectives- à 1 610 € pour les salariés ayant pu bénéficier d’une négociation collective fructueuse ?
  • Pourquoi certains artistes non parisien·nes sont et seront défrayé·es et logé·es, quand la majorité d’entre eux - les plus précaires - ne le sera pas, quand bien même ils et elles auraient les mêmes contrats de travail ?
  • Les artistes qui seront désignés comme remplaçant·es sur les spectacles des cérémonies, auront-ils l’assurance de percevoir la même rémunération que les autres - avec ou sans droits voisins ?

 
Nous avons proposé une discussion ouverte pour trouver des solutions acceptables pour tous et toutes, dans les contraintes temporelles liées à l’approche des cérémonies. Mais, à ce jour, Paris 2024 et Paname24 semblent jouer la montre, en ne programmant aucune nouvelle rencontre.
 
En ce moment même, des répétitions générales des cérémonies sont en cours, et nous sommes au regret de devoir annoncer la pose d’un préavis de grève pour le spectacle du 26 juillet 2024 ainsi que pour les prochaines répétitions des cérémonies d’ouverture des Jeux Paralympiques.
 
“La danse est là pour exprimer [des] émotions en créant un tableau vivant et visuel. Elle frappe les cœurs, les esprits et reste dans les mémoires.” [4] Alors ne nous privons pas de ces artistes, faisons en sorte que l’héritage de cette grande fête et de ces jeux ne soit pas la perpétuation de la précarité de leurs métiers et de conditions de travail dégradées. Rester dans les mémoires des spectateurs et spectatrices ne les fera pas vivre de leur métier.
 
Pour pouvoir profiter, ensemble, d’un “moment apaisé et partagé, de ce temps enfin suspendu, loin de cette violence qui éclate partout” [5], il est plus que temps d’entendre et répondre aux revendications légitimes des artistes-interprètes, portées par notre syndicat.
 
Paris, le 17 juillet 2024.

 
[1] Propos de Thomas Jolly, créateur des cérémonies, dans Le Monde du 16/07/2024 : Si la cérémonie d’ouverture des JO 2024 n’est là que pour produire de l’éclat éphémère, quel intérêt ?
[2] Propos de Fanny Herrero, scénariste de la cérémonie, ibidem.
[3] Slogan de la campagne d’affichage de la Ville de Paris et de Paris 2024, en cours.
[4] Propos de Maud le Pladec, directrice de la danse des cérémonies, à France 3 grand Est, le 13/07/2024.
[5] Propos de Leïla Slimani, co autrice des cérémonies dans Libération du 16/07/2024 : Cérémonie d’ouverture des JO : une frise historique à rebours «d’une histoire virile, héroïsée et providentielle»