Après avoir été condamnés lourdement en 2016 pour des faits similaires à l’encontre de musiciens biélorusses, les dirigeants de Franceconcert, avec ceux d’Aramé Production, récidivent avec une tournée de Carmina Burana. Ce spectacle, qui doit se produire plus de 60 fois à travers la France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse, réunit des artistes venus d’Arménie, de Biélorussie, d’Italie, du Kirghizistan, de Russie et des États-Unis. Aucun d’entre eux ne parle français et ils ont beau être sous contrat avec un employeur établi en France, ils subissent ce qu’on peut appeler un véritable enfer.
Depuis le 24 septembre ils n’ont connu que 2 jours de repos. Durant toute la période de répétition, ils auront travaillé jusqu’à 12 heures 30 par jour. Bien évidemment à ce rythme-là il n’est pas étonnant que plusieurs accidents soient survenus. Aucun de ceux-ci n’a été déclaré comme accident du travail par le producteur et, plus grave, deux des artistes blessés n’ont pu voir de médecin. Aux yeux de ces exploiteurs, un simple sac de glace a dû faire l’affaire. Au 31 octobre, les artistes n’avaient reçu pour tout salaire après plus de 5 semaines de répétition, que 51,19€ concernant la période du 2 octobre 2017 ! Confronté par l’inspection du travail, la direction a fini par distribuer 1000€ en liquide à chacun des danseurs. Il est tout de même troublant qu’une production ayant pignon sur rue puisse sortir d’une mallette près de 20 000€, qui plus est lors d’un jour férié.
Les artistes sont véritablement « trimballés » de ville en ville, sans qu’ils aient un plan de tournée, sans aucune connaissance de l’endroit où ils dormiront le soir. Il est même arrivé qu’ils soient obligés de partager leur lit avec un collègue. Il semble qu’ils ne soient pas non plus maîtres de leurs mouvements, encadrés qu’ils sont par certains personnels qui ont une curieuse idée de la sécurité.
Il semble évident que les dirigeants des Sociétés Aramé Production et Franceconcert ne sont pas au courant des règles élémentaires du droit du travail. Il est tout aussi évident que la négation des droits élémentaires des salariés engagés sur ce spectacle va à l’encontre de sa qualité artistique et que le profit est la seule préoccupation du producteur.
Le Syndicat français des artistes-interprètes, tout en dénonçant ces pratiques scandaleuses auprès des services de l’inspection du travail et de l’URSSAF, tient à informer le public et les différents lieux qui accueillent ce spectacle. En effet ceux-ci, s’ils n’ont pas de responsabilité juridique dans cette affaire, ne peuvent totalement fermer les yeux sur des pratiques qui nient les droits fondamentaux des salariés et sont de façon évidente contraires aux conventions de l’Organisation internationale du travail, aux directives européennes, au droit du travail français et à la convention collective applicable.