Dans la lettre ouverte ci-dessous, adressée au CENTQUATRE à Paris et à la Cie ECO, le SFA se joignent à de nombreux artistes chorégraphiques qui protestent contre les conditions indignes dans lesquelles s’est déroulée une audition organisée le 15 juin 2018.
Lettre ouverte à l’attention du Directeur artistique de la compagnie ECO et du Directeur général de l'établissement Le CENTQUATRE-Paris
Messieurs
Notre syndicat a été alerté par de nombreux danseurs sur les conditions indignes dans lesquelles s’est déroulée une audition organisée au CENTQUATRE-Paris pour la Compagnie ECO le 15 juin 2018.
À la suite de cette audition, des danseuses et des danseurs ont décidé d'agir et de dénoncer les mauvaises conditions dans lesquelles un trop grand nombre d'auditions se déroule. Une lettre ouverte intitulée "Nous avons des prénoms" a été publiée, signée par 129 danseuses et danseurs.
Le SFA souhaite, par cette lettre ouverte, non seulement se joindre à cette mobilisation et vous rappeler vos obligations aux respect dû aux artistes qui auditionnent, mais également alerter les tutelles sur une attitude d’un autre âge en totale contradiction avec les cahiers des charges et les raisons qui les amènent à financer avec l’argent public vos créations.
Si les auditions se déroulent en dehors du contrat de travail, elles font tout de même partie du travail des artistes et doivent se dérouler dans des conditions professionnelles.
L’article XIV de la convention collective des entreprises artistiques et culturelles prévoit d’ailleurs que les candidats aient la possibilité de se préparer dans des conditions professionnelles réglementaires. Des vestiaires doivent être mis à leur disposition et ni leur échauffement, ni l'audition ne peut se dérouler directement sur un sol en béton.
Au-delà des obligations réglementaires et conventionnelles, se rendre à une audition implique un investissement en moyens et en temps de la part des artistes, qui doivent être pour le moins respectés. Le déséquilibre de pouvoir en jeu lors des auditions ne doit pas se traduire en déséquilibre de respect.
Les auditions ont leur lot de frustrations, mais rien ne justifie qu'elles puissent être le lieu de propos méprisants voire avilissants en direction de ceux qui servent les œuvres face au public.
Alors que la reconnaissance de notre art en tant que métier représente un combat difficile et âpre mené à tous les niveaux (professionnel, éthique, social…), il est consternant de constater de tels manquements au sein même de la profession et, qui plus est, des directions de compagnies ou d’établissements subventionnés.
Nous poursuivons toutes et tous un objectif commun, travailler dans de bonnes conditions et produire des spectacles de qualité. Votre responsabilité est grande dans la poursuite de ces objectifs. C’est pour cette raison que nous osons croire que vous mettrez dorénavant tout en œuvre pour que de telles situations ne se renouvellent pas.
Dans l’espoir que les danseurs trouveront le respect auquel ils aspirent et qu’ils méritent, veuillez agréer, Messieurs, l’expression de notre considération.
Le bureau National du SFA
Paris, 26 juillet 2018