Les annonces présidentielles et du premier ministre laissent présager des difficultés d’une durée indéterminée pour travailler. Les artistes travaillant dans le spectacle vivant, la véritable source de nos métiers, semblent particulièrement condamnés à être tenus éloignés de leurs publics pendant un bon moment.
Néanmoins, nous pouvons et nous voulons travailler ! Les tournages et les enregistrements peuvent se poursuivre, y compris sur la voie publique. Les répétitions et résidences sans présence de public peuvent être maintenues. Les interventions en milieu scolaire peuvent être maintenues, en fonction de la volonté des enseignants, directeurs d’établissement, de l’académie et de la préfecture. Dans des conditions sanitaires adéquates, les artistes interprètes doivent pouvoir continuer leur travail important avec les artistes et publics de demain, dans les établissements scolaires.
Nous voulons travailler, mais pas dans n’importe quelles conditions. Nous voulons vivre de nos métiers, sans mettre en jeu nos vies mêmes.
Une mise à jour du protocole sanitaire pour les tournages cinéma, télévision et publicité est en train d’être finalisée dans le cadre des Comités centraux d’hygiène, sécurité et conditions du travail (CCHSCT) paritaires. Le guide pour la reprise dans le doublage doit aussi évoluer dans les prochains jours.
Malheureusement, que ce soit dans les branches du spectacle vivant privé ou subventionné, il n’y a pas de CCHSCT, à cause des tergiversations des employeurs. Les seules protections spécifiques qui existent, au-delà du code du travail et du protocole national interprofessionnel, ont été établies au niveau des entreprises individuellement, ce qui signifie notamment que, là où elles existent, les salariés intermittents n’ont pas été associés à leur rédaction et trop souvent en ignorent leur contenu. Cela doit changer, et rapidement !
Les répétitions et résidences prévues doivent être maintenues. Si nécessaire, en cas d’annulation de spectacles, les employeurs peuvent recourir au dispositif d’activité partielle pour rémunérer les artistes. Les donneurs d’ordre et financeurs doivent maintenir leurs contributions, et l’ensemble des partenaires doivent chercher des solutions afin que les artistes puissent travailler, et que la vie culturelle se poursuive, même pendant le confinement, même sous des formes non prévues au départ.
De même, il faut d’ores et déjà se préparer à la sortie de crise : il faut qu’il y ait des spectacles prêts !
Le ministère de la Culture, les DRAC, les collectivités territoriales, le FONPEPS, le GIP Café Culture, Le CNM, l’ASTP et les organismes de gestion collective doivent injecter les moyens nécessaires pour assurer la survie du monde du spectacle et ses professionnels pendant cette période critique, pour la diversité culturelle de demain.
Il en va de même pour le cinéma, où la perte de recettes due à la fermeture de salles doit être compensée afin de permettre les productions de demain, qui génèreront de l’emploi pour les artistes et techniciens.
Et la transposition prévue de la Directive européenne sur le droit d’auteur et les droits voisins doit être réécrite afin d’assurer aux artistes interprètes une rémunération proportionnelle à l’utilisation qui est faite de leur travail, particulièrement sur Internet. Les plateformes de musique et vidéo sont les grandes gagnantes de cette pandémie.
Mais malgré les tentatives pour poursuivre le travail, il est clair qu’avec les annulations de rassemblements, les limitations de jauge et la fermeture actuelle des salles, les droits sociaux des professionnels du spectacle sont menacés. Les allocations journalières versées par Pôle Emploi vont baisser, du fait du manque de travail et de l’absence de cotisations générées par l’activité partielle. Les pensions de retraite aussi, comme les indemnités sécurité sociale, vont être impactées.
La prolongation des allocations d’assurance chômage ne doit pas cesser au 31 août 2021.
Des adaptations doivent être trouvées pour soutenir les professionnels dont les droits se sont arrêtés avant le 1er mars 2020, ainsi que pour les jeunes ne bénéficiant pas encore des annexes 8 et 10.
Les seuils d’accès aux prestations de sécurité sociale doivent être revus, que ce soit pour les congés maternité ou les congés maladie.
Les dispositifs de formation professionnelle des artistes et techniciens intermittents, mis sérieusement à mal par les « réformes » intervenues depuis deux ans, doivent être améliorés pour permettre à ces travailleurs d’en bénéficier.
Les caisses de nos institutions sociales doivent être abondées par l’Etat, car le manque de cotisations les alimentant pèse sur leur équilibre, voire sur leur existence même.
Enfin, le SFA reste ouvert pour les artistes interprètes pendant le confinement à ses horaires habituels, cette permanence étant assurée en télétravail (01 53 25 09 09 de 10h-13h, contact@sfa-cgt.fr).
Le Syndicat travaille au sein de sa Fédération du spectacle pour trouver des formes de mobilisation adaptées à la situation que nous vivons, car il est sûr que sans la mobilisation des professionnels du spectacle avec leurs organisations, les pouvoirs publics ne prendront pas en compte nos exigences.