RETOUR SUR LES PROPOS DE LAURENT WAUQUIEZ AU SUJET DES ARTISTES

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9 Décembre 2015

Monsieur Wauquiez, non content de faire la chasse à tous ces fraudeurs et oisifs qui, c’est bien connu, se tourneraient les pouces alors qu’il y a tant de métiers qui leurs tendent les bras, n’a rien trouvé de mieux lors de sa campagne aux régionales en Rhône-Alpes-Auvergne que de cibler les formations inutiles qui conduisent à des emplois inutiles ...différentes des formations... utiles qui conduisent à des emplois… utiles !

Ainsi il propose de

«  de fermer les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes […] pour ouvrir des formations débouchant sur de vrais jobs » (le Progrès, novembre 2015).

 

M. Wauquiez ignore sans doute que nos métiers sont exercés par des professionnels auxquels s’applique la présomption de salariat, en clair qu’ils sont des salariés, ce qui les distingue d’une pratique de loisirs ou d’amateurs.

Et que des milliers d’hommes et de femmes en France ont choisi la filière artistique pour y exercer leurs disciplines en toute connaissance de cause et dans le respect de la législation et du droit social.

Non, M. Wauquiez, les artistes ne sont pas des saltimbanques dotés de ce supplément d’âme dont vous voudriez si facilement vous passer, ils sont l’essence même de la créativité et de la liberté d’expression.

 

Devenir artiste de cirque nécessite des heures de formation, de travail et de sueur pour pouvoir présenter dans les conditions de sécurité optimale un spectacle partout, pour tous et pour toutes (plus de 13 millions de spectateurs se rendent au cirque chaque année ! ).

Devenir marionnettiste nécessite là aussi des heures et des heures de formation à l’apprentissage de techniques diverses, exigeantes, de savoir-faire patiemment élaboré, d’utilisations de matériaux multiples...

 

Les écoles de formation présentes sur votre région à vocation nationale et européenne liées à des disciplines du spectacle donnent la possibilité à des jeunes de pouvoir réussir plus facilement leur insertion professionnelle. Ce sont des vraies formations qualifiantes sanctionnées par des diplômes qui permettront à ces jeunes venus de toute la France et d’Europe de trouver un emploi à la mesure de leurs formations. Et qui permettent « à celles et ceux qui se donnent du mal de trouver un emploi » (cf. le Progrès). En outre, les métiers de marionnettiste et d’artiste de cirque figurent au cœur du projet de loi Liberté de Création, Architecture et Patrimoine votée au mois d’octobre 2015, à l’article 14. Dans cette liste les artistes du spectacle y sont reconnus par le Code du travail. Enfin la création de deux Diplômes Nationaux Supérieurs Professionnels assure de la haute maîtrise de ces métiers.

Dresser les uns contre les autres, stigmatiser les chômeurs-fraudeurs, les oisifs-artistes , les utiles contre les inutiles, les femmes contre les hommes… permet à M. Wauquiez, en affichant un mépris certain à l’encontre de tous ces « inutiles », de nous détourner des maux qui gangrènent notre société : le développement de la précarité, du sous-emploi, des bas salaires, du chômage de masse et de la pauvreté qui jettent des millions de gens dans les bras de tous les margoulins qui veulent alléger et casser le code du travail, la protection sociale, et réduire les vies du bien-être ensemble à des vies de labeurs.