Comme chaque année, les fictions de France Culture sont à l’honneur du Festival d’Avignon 2018, dans l’écrin prestigieux de la cour du Musée Calvet. Mais si, cette année encore, de nombreuses productions de qualité seront réalisées en direct et en public, cette vitrine du savoir-faire unique de Radio France cache bien mal la crise majeure que nous, professionnels qui concourrons aux fictions radiophoniques, traversons.
Entre 2012 et 2017, c’est plus de 6.500 services d’artistes dramatiques qui ont disparu, permettant à Radio France d’économiser plus d’un million et demi d’euros sur leurs seuls salaires. Du côté des techniciens ce n’est guère mieux, on dénombre au moins quinze postes non remplacés en seulement deux ans. Et c’est sans compter les cases supprimées – La vie moderne, Nuits noires / Nuits blanche… – ni le recours massif aux rediffusions pour remplir l’antenne.
Dernièrement, cinq productions ont été annulées en juin et juillet 2018 pour cause de « manque de techniciens ». Ce motif, inédit à Radio France, vient après de nombreux autres invoqués au cours des toutes dernières années : manque de studios dû aux travaux, manque d’assistants, etc.
Aujourd’hui, nous – auteurs, réalisateurs, comédiens, bruiteurs, musiciens, techniciens, assistants – nous mobilisons pour la défense de notre savoir-faire et de nos métiers.
Alors même que les fictions radiophoniques suscitent, notamment à Avignon, l’intérêt et l’enthousiasme chez des publics de plus en plus larges, sont célébrées à l’international et de plus en plus écoutées chez soi ou en podcast, nous n’acceptons pas de voir notre activité et nos savoir-faire démantelés au nom d’une prétendument nécessaire orthodoxie budgétaire.
Oui, produire de la fiction radiophonique coûte plus cher que de réunir quelques invités gratuits autour d’un micro, car pour transmettre de grands textes et en faire découvrir de nouveaux, il faut rémunérer des auteur.e.s, des artistes, des réalisateur/trice.s et des technicien·ne·s, et leur permettre d’effectuer la prise de son, le montage et le mixage dans des conditions techniques adéquates.
Nous demandons des engagements fermes aux directions de France Culture, France Inter et Radio France, ainsi qu’aux tutelles, sur le volume de production, la disponibilité de studios adaptés et la mise à disposition d’un nombre suffisant de technicien.ne.s et d'assistant.e.s formé.e.s pour assurer la production de fictions, mission de service public.
Nous ne pouvons plus nous contenter de vagues promesses et de déclarations dont les bonnes intentions restent sans suite !
Communiqué du SFA, SNRT Cgt, Cgt Radio France, FO médias et SNLA-FO