Retour d’Avignon

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Comme annoncé dans notre dernier numéro, la délégation du SFA fut présente durant près de deux semaines au Festival d’Avignon.

Le Festival est l’occasion pour l’ensemble des organisations du spectacle vivant de se rencontrer et débattre sur les sujets qui nous animent tout au long de l’année (conventions collectives, politiques publiques, service public de la culture…).

C’est aussi l’opportunité pour certains partis politiques (PC et PS notamment) de venir confronter leurs réflexions sur la politique culturelle auprès du public et des professionnels.

Le sujet, pour le syndicat, est également de retrouver ses adhérents présents sur le festival et de rencontrer les artistes interprètes. Cette tâche est particulièrement malaisée, chacun étant plus ou moins le nez sur le guidon. Pourtant et l’expérience le prouve, ce n’est pas en restant isolé sur ses problèmes que la situation risque de s’améliorer.

Comme tous les ans le programme du SFA sur Avignon est particulièrement copieux.

Un accueil sans précédent

 Il s’agit tout d’abord de distribuer la presse syndicale dans tous les lieux. C’est parfois l’occasion de rencontres qui permettent d’expliquer l’action du syndicat et d’informer les professionnels sur l’actualité sociale et de la politique culturelle. Cette année la Fédération CGT du spectacle était partenaire d’Avignon festival et cie : un tract appelant au débat et à la manifestation initiés par notre fédération et ses syndicats fut remis à toutes les compagnies avec la pochette d’AF&C qui leur était destinée. Ce partenariat nous a permis un accueil sans précédent dans l’ensemble des lieux de spectacles que nous avons visités.

 Un vrai espace professionnel… enfin…

Soulignons également que l’association AF&C disposait cette année d’un véritable espace professionnel ouvert au public (le village du OFF) dans la cour de l’école Thiers où se dressait également un chapiteau climatisé, véritable lieu de débats, d’échanges et de convivialité. Le SFA et la FNSAC-CGT militent depuis des années pour qu’un espace professionnel commun entre le In et le Off, rassemblant l’ensemble des organisations professionnelles du spectacle vivant. Malgré des déclarations allant dans ce sens, la direction du festival ne s’est jamais vraiment donnée les moyens pour qu’un tel projet puisse voir le jour. C’est le Off qui a donné concrètement l’exemple qu’un tel lieu était possible et le SFA ne peut que saluer cette initiative.

Nous regrettons cependant que l’ADAMI ait choisi de continuer à s’isoler aux côté de la SACD dans les locaux du conservatoire municipal, laissant ainsi à la SPEDIDAM le loisir de convaincre l’ensemble des artistes interprètes qu’elle était leur société de gestion légitime suite à ses changements de statuts.

Un discours trompeur face à la colère de ceux qui vivent la réalité

La plupart des débats -qu’ils soient organisés par les organisations professionnelles ou les partis politiques- ont porté bien évidemment sur la politique culturelle de l’Etat, la RGPP, la réforme des collectivités territoriales et la suppression de la clause de compétence générale qui l’accompagne.

C’était également le thème de la manifestation du 15 juillet qui fut un succès quant on sait les difficultés qu’ont les artistes pour se mobiliser en plein festival. Envahissant le cloître Saint-Louis les manifestants ont sommés le directeur général de la création artistique du ministère de s’expliquer sur les choix du gouvernement et d’entendre ce que la profession avait à lui dire. Celui-ci est venu rejoindre la tribune mais son entreprise d’endormissement n’a pas fonctionné. Bien au contraire, il a pu mesurer le degré de colère des professionnels et la distorsion entre ses discours lénifiants et trompeurs et la réalité d’ores et déjà vécue. Nous nous souviendrons également de son affirmation que « plus zéro pour le budget de la culture, c’était tout de même mieux que moins zéro » qui provoqua autant l’indignation que l’hilarité.

Une délégation a pu ensuite être reçue par le directeur de cabinet et le secrétaire général du ministère de la Culture à Villeneuve les Avignon où ceux-ci avaient choisi de rester, mais là encore, si l’écoute fut polie, la démonstration de la volonté de l’Etat de ne rien changer à ses funestes plans fut sans faille. Ils affirmèrent en outre qu’ils n’avaient toujours pas le budget officiel consenti et qu’ils continueraient à se battre pour ce fameux objectif de + 0 !

Les metteurs en scènes traversés par les mêmes préoccupations que les nôtres

Après un premier débat en 2009 intitulé « Faut-il payer les artistes ? », le Syndicat national des metteurs en scènes (SNMS) organisait cette année une rencontre autour de la question : « Aujourd’hui 1000 spectacles dans le OFF, pourquoi pas 200 ? Y-a-t-il 1000 metteurs en scènes à Avignon. » Il fut bien sûr question de financements des spectacles, de la responsabilité du metteur en scène vis-à-vis des acteurs qu’il fait engager, de la nécessité d’une charte au sein du Off qui permette de mettre en valeur les compagnies qui travaillent de façon véritablement professionnelle (voir article ci-contre). « Qu’est-ce que faire entendre le Théâtre ? S’agit-il d’accepter tout, de s’entasser par dizaines dans des endroits loués à des prix faramineux, dans des conditions de travail indignes, parfois sans salaire déclaré -comme des sans papiers- pour faire fructifier les marchands ? » On le voit, les questions posées par le SNMS et sa présidente Anne Delbée, sont les mêmes que celles qui traversent les artistes interprètes et leur syndicat.

Une comédienne à la tribune sur la question de la parité

Enfin le SFA a également participé au débat organisé par l’association H/F en Ile-de-France intitulé « Manque de visibilité des créatrices dans les programmations : pour combien de temps encore ? » et dans lequel notre camarade Danielle Stefan pu exprimer, de la tribune, le point de vue des comédiennes bien trop souvent oublié lorsque la question de la parité et de l’égalité femme/homme est abordée. Le SFA n’est surement pas en reste et a été particulièrement actif sur cette question avec notamment l’organisation du séminaire à Marseille dans le cadre du projet d’EuroFia.

Donnons nous tous les moyens de défendre notre métier

Les militants du SFA présents sur le festival ne chôment pas. Une question reste cependant posée : comment développer plus encore les contacts avec les artistes, qu’ils soient syndiqués ou non ? Tous les ans le SFA met tout en œuvre pour favoriser la rencontre. Il est essentiel que les artistes prennent un peu de leur temps pour passer à la permanence ou interpellent les militants qui passent dans leur théâtre. C’est ainsi que l’information passera d’autant mieux dans un sens comme dans l’autre et que nous donnerons encore plus les moyens de défendre notre métier.

 

Denys FOUQUERAY