Culture dans l'Hérault... et au delà, quel avenir ?

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Depuis 2014, nous, partenaires sociaux du spectacle vivant, avons interpelé nos élus, députés et collectivités territoriales sur la mise en œuvre de la loi NOTRE (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) et leurs feuilles de route respectives.

Aujourd'hui, force est de constater que les « questions » que nous soulevions alors n'étaient pas dénuées de fondement.

La fusion de la Région se révèle à ce jour encore inopérante. Cet état de fait crée un temps MORT dans la projection du travail des équipes artistiques, dans l'ignorance des orientations que prendra la politique régionale en faveur de la création artistique.
 

Depuis plusieurs mois, le Département de l'Hérault et la Métropole de Montpellier se livrent une bataille politique quant au transfert des compétences dont celle de la culture.

Nous pourrions nous flatter de cet intérêt pour notre secteur, mais l'affrontement qui en découle et les conséquences désastreuses pour les outils de travail (Domaine d'O, Sortie Ouest) et la continuité de l'activité auprès du public, plongent les équipes artistiques et les professionnels dans la plus grande inquiétude et provoquent un funeste manque de prospective pour les compagnies, qui, rappelons le, sont les structures qui génèrent le plus grand nombre d'emplois.


Le travail opiniâtre, mené depuis plusieurs années, de médiation, de création, de circulation des œuvres est mis à mal. Ce moment pourrait sonner le glas d'une ambition, que nous portons tous, celle de l'interrogation permanente du monde contemporain, du « être ensemble ».

Grâce aux nouvelles règles d'indemnisations chômage des salariés intermittents obtenu de haute lutte, et par la mise en œuvre du FONPEPS (Fonds national pour l'emploi pérenne dans le spectacle), le secteur tente de se reconstruire et de "marcher sur ses deux pieds".
Aujourd'hui les Pouvoirs Publics (État et Collectivités Territoriales) ont une responsabilité déterminante pour créer les conditions d'une politique de l'emploi adaptée à la foi aux spécificités de ce secteur et aux conditions entrepreneuriales des ambitions des politiques culturelles qu'ils souhaitent promouvoir. C'est pourquoi les partenaires sociaux au sein du COREPS (Comité Régional des Professions du Spectacle), se sont attelés à la négociation d'un plan pour l'emploi en région coordonnant les dispositifs de l'Etat et des Collectivités territoriales.
 

Par les coupes budgétaires successives, les lieux de création et de diffusion sont étranglés dans leurs capacités d'actions artistiques. Les prévisions budgétaires annoncées encore à la baisse pour 2017 par les Collectivités finiraient de nous laminer.

Les décideurs politiques doivent assumer :

  • qu'en baissant sans cesse les budgets culturels, ils sont les initiateurs, les premiers donneurs d'ordre, de plans sociaux : directs pour les institutions et les structures culturelles, et indirects pour les outils de création, mettant à sac l'emploi des artistes et l'ensemble des métiers liés à la création et à la diffusion artistique et à l'action culturelle ;
  • que le démantèlement en œuvre aujourd'hui en matière culturelle pèse lourdement sur la cohésion sociale et hypothèque les chances d'émancipation de nos concitoyens ;

A une époque où les repères viennent à manquer, la montée en puissance de l'extrême droite et de ses idées enfantée par les gourous de l'austérité, a sociétalement comme artistiquement de quoi nous alarmer. Nous voyons d'ores et déjà de l'entrisme de la part de certains responsables politiques dans les programmations, plusieurs spectacles remis en cause, voire interdits de représentation.


Parce que le lien universel qui renforce le vivre-ensemble au-delà des différences (qu'il s'agisse de différences de nationalité, de langue, de statut social, de religion...) c'est la culture ;
Parce que la culture n'est pas un secteur parmi d'autres ;
Parce que c'est celui qui donne du sens à l'action publique ;
Parce que nous considérons que l'égal accès à la culture sur l'ensemble du territoire fait partie des droits que la République doit assurer à chacun ;

  • Nous demandons que cesse la réduction des budgets alloués à la culture ;
  • Nous exigeons que cesse la mise à sac de nos outils de travail ;
  • Nous attendons que les autorités publiques oeuvrent ensemble, en toute coopération, au bien commun culturel ;


Nous attendons qu'elles s'engagent à placer la Culture au cœur du projet de société, sans exclusive et en dehors de toute logique de marchandisation, en inscrivant la régulation, le développement et la coopération dans le champ culturel, le soutien à la création (pour toutes les formes d'expression artistique) et en faciliter l'accès au plus grand nombre


« Le politique dénué de culture et d'imaginaire est condamné à l'ordre du conjoncturel ».


Il est grand temps que le conjoncturel, financier et comptable cède la place à la fabrique citoyenne d'un nouveau récit émancipateur.