Article paru dans Plateaux n°200 - 1er trimestre
2010
Un accord prorogeant la Convention
des droits des artistes interprètes dans leur activité de doublage (DAD-R) a
été signé en février et soumis à l’extension. Le texte prévoit une prorogation rétroactive
depuis janvier 2009 qui cessera de produire ses effets au 30 juin 2010. Cette
durée permet à l’ADAMI et à AUDIENS de continuer à traiter -comme prévu dans la
convention- les sommes pour l’indemnisation des artistes interprètes qui
seraient arrivées en retard, et met la pression pour finir de négocier un
nouvel accord avant le terme définitif de cette prorogation.
A l’heure où nous bouclons notre revue, nous constatons en
effet quelques progrès dans les débats. Un dispositif de dépôt des textes est
envisagé, qui devrait permettre de contrôler que les artistes sont correctement
payés en fonction des rôles effectivement interprétés. Par ailleurs, une
instance de conciliation pourrait être prévue pour tenter de résoudre les
conflits. En cas d’échec, un comité de suivi de la convention pourrait recevoir
les parties, demander des éléments de preuve et établir un relevé de la
situation, qu’il s’agisse de retards de paiement ou de triche constatée ou
soupçonnée. Armés de ce relevé, les syndicats de salariés pourraient saisir la
justice à l’encontre de l’employeur indélicat, afin de le faire condamner pour
non-respect de l’accord collectif, avec le paiement d’astreintes dans l’attente
de la régularisation de la situation. L’artiste n’aurait pas forcément besoin
d’attaquer lui-même l’employeur, d’autant plus que des contrôles aléatoires des
« lignages » pourraient être effectués et que les syndicats auraient
la possibilité de saisir directement le comité en cas de retards accumulés de
paiement dans certaines sociétés.
Les commanditaires et utilisateurs sont en train de
travailler sur un dispositif pour assainir leurs relations commerciales avec
les entreprises de doublage, notamment en ce qui concerne les flux financiers.
Bien sûr il est trop tôt pour pouvoir déclarer que la
sécurisation du nouveau texte souhaitée par les artistes interprètes soit
atteinte. Mais pour la première fois depuis longtemps, nous pouvons peut-être
entrevoir une solution pragmatique pour prévenir certains des maux qui
gangrènent ce secteur depuis des décennies.
Si les différentes parties à la table de négociations
finissent par se mettre d’accord sur la structure de cet accord et sur son
suivi effectif et efficient, il faudra sans doute aussi un effort de la part
des pouvoirs publics pour les accompagner, peut-être même sur un terrain
législatif…
Aussi faudrait-il ensuite négocier les montants de rachats
des droits pour des modes d’exploitation non compris dans l’accord actuel,
comme par exemple l’Internet ou la vidéo à la demande.
Beaucoup reste à faire d’ici l’été !
Jimmy SHUMAN