Edito

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Au moment où nous bouclons notre revue Plateaux, nous ne savons toujours pas quand les « établissements recevant du public » (ERP), théâtres, cinémas, salles de concerts, etc., vont rouvrir. Et donc nous ignorons quand les artistes et les œuvres qu’ils servent retrouveront leurs publics et combien d’artistes interprètes pourront poursuivre leur parcours professionnel.

Les recours introduits devant le Conseil d’état par de nombreuses organisations du spectacle vivant et de l’audiovisuel, dont la CGT Spectacle, contre la fermeture administrative des lieux de spectacle, ont été déboutés, même si le Conseil a reconnu la restriction des libertés que cette fermeture représente. L’inadaptation des mesures sociales prises depuis mars pour les professionnels du spectacle durement touchés est criante, et de nouvelles mesures tardent à venir. Quant à la prolongation des indemnités de chômage jusqu’à septembre 2021, elle se révèle déjà insuffisante. De plus en plus de personnes ont du mal à atteindre les seuils nécessaires pour être couvertes par la sécurité sociale en cas de maladie ou de maternité. Les caisses sociales elles-mêmes, abondées par les cotisations salariales, sont en grande difficulté financière.

Les divers fonds d’urgence compensent en partie les pertes des structures, et permettent de les maintenir en survie. Mais quelle part de cet argent est fléchée vers l’emploi des artistes, pour les résidences, les répétitions ou des spectacles adaptés aux contraintes actuelles ?

L’adoption de protocoles sanitaires très stricts a permis une certaine reprise du travail dans les secteurs de la télévision et du cinéma, mais avec les salles fermées, l’argent pour la production fraîche commence à se raréfier. Sans concerts, comment vendre les CD de groupes émergents ?

L’adaptation novatrice des outils informatiques par de nombreux créateurs et interprètes a permis rendu possible la diffusion de spectacles enregistrés d’un nouveau type, touchant de nouveaux publics et permettant aux artistes de s’exprimer pendant la pandémie. Mais que peuvent être les effets de cette pratique totalement non régulée sur les modèles de rémunération des professionnels ? 

Il est clair que la crise sanitaire et sociale n’a pas été une crise économique pour tout le monde. Cette année, les plateformes de mise à disposition sonore et audiovisuelle ont sérieusement accru leur nombre d’abonnés. Pourtant, leur contribution au financement de la production nationale est, pour l’instant, minimale et leur rémunération des artistes interprètes quasi-inexistante. Les ordonnances qui pourraient améliorer cette situation devraient paraître dans les semaines qui viennent. Est-ce que l’exécutif va enfin se montrer plus attentif, qu’avant la crise, à nos exigences justifiées ?

Vous le voyez, vous le vivez : les besoins et les attentes des artistes interprètes sont énormes. Pour les satisfaire, nous serons, comme toujours, obligés de nous battre. Les premiers jours de 2021 vont être difficiles, comme l’ont été le printemps, l’été et l’automne 2020. La solidarité de toutes et tous est plus que jamais nécessaire ; la contribution active à la lutte de chacune et chacun est toujours le moyen le plus efficace pour avancer. Le SFA sera là, toujours disponible pour faire progresser les intérêts des artistes interprètes. Pour cette nouvelle année, pensez à nous rejoindre ! Recevez nos vœux pour une année marquée par une vraie reprise sur un plan sanitaire, social et artistique, et que vos projets s’accomplissent !