En 2022 les espoirs de reprise dans le secteur du spectacle vivant étaient forts. Mais force est de constater que la crise énergétique, le timide retour du public dans les salles et l’inflation galopante ont abîmé ces espoirs. C’est dans ce contexte que s’est tenue une bataille pour la revalorisation de nos salaires. Nous saluons la mobilisation du secteur du doublage et le travail de nos militant·es qui ont permis d’obtenir une revalorisation historique dans ce champ.
Et si dans le spectacle vivant privé nous avons obtenu 6%, ce qui permet à peine d’atténuer les effets de l’inflation, dans les entreprises artistiques et culturelles nous ne sommes pas parvenus à un accord, les organisations d’employeurs ayant un mandat à 0% malgré la revalorisation du SMIC au mois d’août.
Nous constatons également que dans les maisons (théâtres, opéras, ballets…) les NAO se concluent bien souvent sur rien ou presque rien, et trop souvent encore les artistes interprètes les plus précaires sont les grands sacrifié·es.
Des grèves ont éclaté, sur fond de coupes budgétaires des partenaires territoriaux, d’enjeux de santé et de sécurité au travail, de demandes d’augmentation des effectifs. Et nous saluons le courage des collègues et camarades qui ont participé à ces mouvements. Mais le meilleur moyen de faire aboutir ces problématiques, sans que cela ne pèse que sur les épaules de quelques-un·es, serait une mobilisation beaucoup plus forte et concertée de tous et toutes.
2022 aura été l’année de la réforme de l’assurance chômage la plus inique que nous ayons connue, particulièrement dommageable pour nos collègues qui relèvent de ce régime. Et nous sommes bien conscients que la réforme des annexes spécifiques 8 et 10 ne tardera pas à intervenir, toujours dans cette logique néolibérale de destruction des droits et de mise en concurrence des salarié·es entre eux et elles…
Ajoutons à cette situation l’annonce du président Macron d’une présentation de sa réforme des retraites le 10 janvier 2023. Beaucoup pensent que la bataille est déjà perdue, inquiets du recours massif au 49.3 lors du vote du budget à l’Assemblée. Comment se faire entendre quand la démocratie disparaît ? Face à un gouvernement qui impose ses choix par la force, sans tenir compte des débats ?
Dans ce contexte, que fait le SFA ? Il prépare, élabore, réunit, analyse avec vous. Car ce qui fonde toutes nos victoires c’est notre capacité à nous saisir collectivement des enjeux, des problématiques et ainsi nous unir dans un combat qui, nous l’espérons, sera puissant et remarquable.
Car le gouvernement et notre ministère pensent en silo, réduisant l’intelligence des situations complexes à de simples exercices comptables. Mais nous, au contraire, pensons de manière globale, et nous savons que la bataille sur les salaires et sur l’emploi est essentielle afin de préserver et d’améliorer les retraites ainsi que l’ensemble de la protection sociale. À l’instar des services publics qui ont été affaiblis et qui maintenant s’écroulent, le système Macron applique, à nos droits sociaux, la même méthode de fragilisation progressive. Ne soyons pas dupes !
De même, le service public du spectacle vivant est vidé peu à peu de son sens. La DGCA n’a plus l’expertise suffisante pour produire une pensée concrète sur nos métiers, et se sent obligée de payer une entreprise privée afin de réaliser des tables rondes (avec recours massif à la technique du post-it…)… du jamais vu !
Mais cela parait logique quand on voit à quel point notre nouvelle ministre, Rima Abdul Malak, est éloignée de toute idée de politique culturelle ou encore de service public. Nous en sommes arrivés à un point tel que, face à nos interpellations sur les dangers de cet hiver pour les salles de spectacle, sa première proposition a été de financer des couvertures pour le public. L’incurie de nos ministres est sans fin. Si nous en rions un peu, cela révèle un désengagement très inquiétant du ministère et du gouvernement qui, avec l’annonce des annulations et reports dûs au JO 2024, enfoncent conjointement le clou, réaffirmant ici, qu’à leurs yeux, nous ne sommes définitivement pas essentielles.
Crions, chantons, manifestons ! Le spectacle est essentiel. La culture est essentielle. Le débat est essentiel. Nos droits sont essentiels.
En 2023 il nous faudra donc nous préparer, nous regrouper, nous informer, et nous mobiliser pour être entendus.
C’est ainsi que nous gagnons et que nous gagnerons !