Article paru dans Plateaux n°201 - 2ème trimestre
2010
La Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la
protection des droits sur internet (HADOPI) serait prête à envoyer les
premières lettres d’avertissement aux internautes dont les lignes seraient
utilisées pour télécharger illicitement des contenus protégés par le droit
d’auteur, suite à la publication du « Décret n° 2010-695 du 25 juin 2010
instituant une contravention de négligence caractérisée protégeant la propriété
littéraire et artistique sur internet ».
Dans un premier temps, seule la piraterie musicale serait
concernée, car la CNIL a d’abord donné la permission aux seuls ayants droits de
la musique de collecter les adresses IP nécessaires pour identifier les
abonnements ayant servis aux actes délictueux.
Pendant
que la machinerie HADOPI se met tranquillement en place, il est permis de
s’interroger sur les suites que le gouvernement entend donner au rapport sur «
Création et Internet » rendu en janvier à Frédéric Mitterrand par Jacques
Toubon, Patrick Zelnik et Guillaume Cerutti (voir Plateaux N° 200).
Une
mission de concertation/médiation avait été confiée à Emmanuel Hoog, alors
président de l’INA (et maintenant de l’AFP), afin de rapprocher les points de
vue des producteurs de disques et les autres ayants droits (dont les artistes interprètes)
sur la question sensible de la gestion collective des droits voisins sur
Internet, et notamment les droits exclusifs.
Le
médiateur a rencontré les parties concernées, mais n’a toujours pas donné
d’indices sur la manière dont il compte réduire l’écart béant entre les positions
des uns et des autres.
Le
SFA a été reçu, ce qui n’était pas le cas pour la Mission Zelnik. Nous avons
souligné à Monsieur Hoog notre volonté d’œuvrer ensemble avec les sociétés de
gestion pour trouver un dispositif efficace assurant la rémunération des
artistes quand leurs prestations sont utilisées sur Internet. Nous avons
rappelé notre attachement à la « rémunération équitable » pour
qualifier nos droits issus des diverses webradios. Nous avons aussi clairement
indiqué que nous considérons que l’essentiel de nos droits relève de la
catégorie du droit exclusif, qui est traité dans le cadre de la relation
contractuelle entre l’artiste et son employeur (et qui peut donc être inscrit dans
une convention collective), mais qui peut tout à fait, comme dans certains de
nos accords dans le secteur audiovisuel, être géré collectivement. Nous avons
donc aussi rappelé que les artistes, que ce soit dans la musique ou dans
l’audiovisuel, font partie de filières professionnelles, et que la base de
départ de l’utilisation de notre prestation est la prestation elle-même, le
travail, effectué en général par un salarié pour un employeur.
La
« carte jeunes », qui doit aider, via une subvention à l’achat, à
promouvoir le téléchargement légal parmi la population la plus attirée par la
consommation gratuite, n’est toujours pas en place, et il n’y a pas de date
annoncée pour sa mise sur le marché… De là à penser que le plan d’austérité
prime sur tout….