ÉPIDÉMIE DE COVID-19 : DES MILLIERS D’HEURES DE TRAVAIL PERDUES POUR LES ARTISTES INTERPRÈTES

-A A +A
11 Mars 2020

Face à l’épidémie de Covid-19 et aux mesures d’interdiction des rassemblements en lieu confiné décrétées par le gouvernement, le SFA a invité les artistes interprètes à porter à sa connaissance les annulations de date qu’ils subissent, par le biais d’un questionnaire (voir ici).

S’il a été question dans la presse d’annulations dans des salles de grande capacité, ou dans les « clusters » où l’épidémie fait rage, notre enquête, qui a collecté à ce jour plus de 250 réponses, apporte un éclairage plus complet de la situation :

  • Un périmètre géographique très large : si beaucoup d’artistes nous ont fait part d’annulations dans les « clusters » (Haut-Rhin, Oise principalement), nous constatons que des décisions d’annulations ont été prises partout en France. Nous avons également eu des témoignages d’artistes qui devaient partir en tournée à l’étranger (Italie, Chine, Irlande, Maroc, Suisse, Russie, Roumanie, Nouvelle-Zélande) ;
  • Des établissements de toute taille visés : si nous avons eu des signalements concernant des grandes salles (Zénith de Paris et de régions, AccorHotels Arena, Philharmonie de Paris, palais des congrès), la plupart des remontées d’information concernent des salles de taille moyenne (centres culturels, théâtres de ville) qui ont des jauges inférieures à 1000 ;
  • Des établissements de toute nature visés : s’il est bien évidemment beaucoup question d’annulations dans le spectacle vivant, notre questionnaire rappelle que le spectacle vivant a aussi lieu en dehors des salles traditionnelles de spectacle. Nous avons eu un certain nombre de cas d’annulations de concerts et autres interventions artistiques dans des EHPAD, des établissements de soin ou en milieu scolaire. De même, les animations ou cours avec des amateurs ou élèves ont été suspendus ;
  • Des pertes énormes pour les artistes interprètes : actuellement, sur la base de notre seule questionnaire, nous estimons que plus de 600 artistes intermittent·e·s du spectacle sont concerné·e·s, pour un total cumulé de plus de 655 dates annulées (selon les éléments reçus à la date du 11 mars à 10h30). Certains artistes étaient notamment engagés sur des séries ou des tournées longues et se retrouvent avec, pour certains, 20 dates (voire plus) d’annulées. Cela représente pour ceux-ci un manque à gagner de plus de 2000€, avec en plus un retard dans le cumul des heures pour ouvrir des droits à l’assurance chômage au titre de l’annexe X.

Le Syndicat français des artistes interprètes demande donc au ministère de la Culture que des mesures d’urgence spécifiques soient prises pour les salarié·e·s du spectacle :

  • Mise en place d’un fonds d'urgence pour indemniser les salarié·e·s victimes d'annulations quels qu’en soient les motifs juridiques ;
  • Maintien des droits en cours à l'allocation chômage et un allongement de la période de référence pour l'ouverture des droits, prenant en compte la durée de cette crise jusqu'à la reprise d'activité à son niveau normal.

Nous attendons de la part du ministère des engagements forts en la matière à l’occasion du bureau extraordinaire du Conseil national des professions du spectacle qui se réunit le jeudi 12 mars au matin à ce sujet.

Nous invitons tous les artistes interprètes à participer aux rassemblements qui auront lieu ce jour-là devant les DRAC dans les régions et Place du Palais Royal à Paris à midi pile, pour que le ministère et ses représentations en régions entendent nos revendications.