Les élections législatives concernent aussi les artistes interprètes !

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8 Juin 2022

A l’occasion des prochaines élections législatives, le SFA souhaite s’exprimer sur les enjeux que ce scrutin pose pour les artistes interprètes.

La nomination de la nouvelle Première ministre, que nous avons déjà vue à l’œuvre dans différents ministères, n’augure rien de bon ni pour les salarié·e·s du pays, ni pour les sans emploi, ni pour les retraité·e·s d’aujourd’hui ou de demain. N’oublions pas que le Président réélu a promis de poursuivre ses attaques contre l'assurance chômage et notre système de retraite. Le démantèlement de l’assurance chômage est clairement un objectif de ce gouvernement qui pourrait, entre autres, mettre à mal notre régime d'indemnisation spécifique, alors que les prochaines négociations de l’Unedic se préparent à l’automne prochain. La volonté de retarder l’âge de départ à la retraite est aussi affichée, transférant ainsi la prise en charge des travailleuses et travailleurs « séniors » des caisses de retraite à celles de l’assurance chômage.

L'arrivée de la nouvelle ministre de la Culture n’est accompagnée d’aucune perspective pour une nouvelle politique culturelle. Tout ce qui nous est proposé est la poursuite des annonces déjà actées : le « pass Culture » devrait être renforcé, la redevance audiovisuelle, qui finance la radio et la télévision publique, parmi les plus importants commanditaires d’œuvres qui emploient les artistes interprètes, bien qu’étant une des plus basses d’Europe, devrait être rapidement supprimée, l’éducation artistique et culturelle développée… mais pas un mot sur le développement de la création et la diffusion des spectacles.

Sous la présidence Macron, ce ministère, tout comme les autres, a inventé une nouvelle forme de « dialogue social », sans les syndicats ! Est-ce que cette mandature continuera son « dialogue de sourds » ?

En parallèle des attaques libérales, la montée de l'extrême droite et les thématiques prenant toujours plus de place dans le débat public sont extrêmement préoccupantes. Fondé il y a exactement 50 ans par des nostalgiques de Vichy et de l’Algérie française, le FN renommé RN est passé de 4,5 millions de voix en 1995 à treize millions aujourd’hui. Nous rappelons que le SFA s’est toujours positionné contre la xénophobie, le racisme, l’autoritarisme, et toute autres formes de rejet, totalement en contradiction avec l’identité même des artistes interprètes que nous sommes et de nos combats.

Dans le contexte de ces élections législatives, il nous semble primordial, en tant que syndicat d’artistes interprètes, d’interpeller les candidat·e·s dans chaque circonscription, pour connaître leur point de vue sur des sujets aussi essentiels que leurs positions sur la politique culturelle nationale, leurs projets concernant l’assurance chômage ou la retraite. Mettons nos revendications sur la table des candidat·e·s et voyons qui les prendra en compte.

Si cette interpellation est nécessaire, elle ne sera pas suffisante. Dans un contexte politique extrêmement dur, où nos conditions de travail ont été aggravées par la situation sanitaire et deviennent de plus en plus précaires, nous pensons que l’heure est à la mobilisation. Car, si nous avons conscience que le dialogue ne sera pas le même selon la majorité élue à cette élection, nous allons avoir besoin de faire nombre et de nous rassembler, pour protéger les acquis des travailleuses et travailleurs que nous sommes, pour avoir un Parlement et un gouvernement qui écoutent et entendent les professionnel·le·s et leurs syndicats, et qui agissent pour que la vie culturelle en France soit florissante, diverse et vivante, où les artistes interprètes peuvent vivre de leurs métiers.

 

Nous appelons donc les artistes interprètes à rejoindre le SFA pour ne plus rester isolés, et continuer d’être une force de proposition collective. C’est là que nous luttons pour nos droits, c’est là que nous négocions les conventions collectives, le droit à la formation, le droit du travail, que nous menons des réflexions sur plus d’inclusion dans nos métiers, sur le développement durable, etc. C’est là que nous pouvons construire ensemble une autre politique culturelle et proposer une autre vision du monde. C’est ainsi que nous pourrons inciter l’Assemblée à mieux prendre en compte nos revendications. C’est alors que nous pourrons faire bouger les lignes.