« Sales connes » du cinéma, de l’audiovisuel et du spectacle vivant : unissons-nous !

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17 Décembre 2025

Les dossiers de violences sexuelles dans le spectacle continuent de s’empiler. On constate amèrement que les agresseurs continuent de bénéficier de la complaisance des puissants, alors que les victimes n’ont souvent droit qu’à leur mépris. Les « sales connes » sont plus que jamais nécessaires pour mettre à bas les oppressions et la culture du viol.

Le 24 novembre, le comédien Philippe Caubère a été mis en examen pour proxénétisme. Ce chef d’accusation s’ajoute à sa mise en examen de février 2024, pour viols, agressions sexuelles et corruption de mineures. Selon le témoignage d’une des plaignantes, il aurait usé de son emprise sur elle pour la contraindre à avoir des relations sexuelles avec des inconnus. Au motif qu’il fallait la « libérer » pour faire d’elle « une bonne actrice », l’acteur aurait publié des petites annonces pour l’offrir, contre rémunération. Selon la victime, elle aurait été violée pendant une dizaine d’années par une centaine d’hommes.

Cette énième affaire vient s’ajouter à la longue liste de cas de violences sexuelles et de situations d’emprise qui ont été rendus publiques ces dernières années dans le milieu du spectacle en France.

Dernièrement c’est l’épouse du président de la République, madame Brigitte Macron, qui a insulté des militantes féministes protestant contre le retour sur scène du comédien Ary Abittan, mis en cause pour viol et agression sexuelle, en les traitant de « sales connes ».

Récemment encore, c’est le Théâtre du Soleil, dirigé par Ariane Mnouchkine, qui a été mis en cause. La direction aurait été incapable de gérer correctement différentes accusations d’agressions sexuelles sur des jeunes femmes, parfois mineures, par deux hommes membres de la troupe, sur près d’une quinzaine d’années.

Le problème n’est pas seulement que les violences sexistes existent encore dans nos secteurs mais qu’elles fassent « système », ce qui est en réalité bien pire. Comme le disait Benoît Jacquot en 2011 dans une interview accordée à Gérard Miller à propos de sa relation avec la très jeune Judith Godrèche : « le fait est que, d'une certaine façon, le cinéma était une sorte de couverture, au sens où on a une couverture pour tel ou tel trafic illicite », après avoir rappelé que : « on n'a pas le droit, en principe, je crois. Une fille, comme elle, cette Judith qui avait en effet 15 ans, et moi 40, en principe je n'avais pas le droit, je ne crois pas ». Effectivement, il n’avait pas le droit…

Et pourtant, l’impunité demeure et ce pour nombre d’hommes de pouvoir dans nos secteurs, parfois soutenus au plus haut niveau de l’État : en décembre 2023, Emmanuel Macron déclarait être opposé à « la chasse à l’homme » dont Gérard Depardieu aurait été l’objet lorsque la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak voulait que la Légion d'honneur du comédien lui soit retirée, estimant qu'il faisait « honte à la France ».

Le « sales connes » de l’épouse du président, est la partie émergée de l’iceberg d’un système de complaisance, où les puissants accusés de violences sexuelles sont protégés, et où celles qui refusent de se taire sont méprisées.

Un viol reste un viol, même quand il est commis par homme puissant dans un hôtel de luxe, ou par un comédien dans les coulisses d’un théâtre subventionné. Une situation d’emprise n’est jamais romantique, quel que soit le discours - intellectuel ou poétique, tenu par la personne qui l’exerce.

Tant qu’il y aura des agresseurs sexuels protégés et que l’impunité régnera dans nos secteurs, nous refuserons de nous taire : le SFA se tiendra toujours du côté des « sales connes » qui refusent ce système complaisant qui protège les puissants au détriment des victimes.

Notre position est ferme : il faut mettre un terme à la culture du viol partout et en commençant par nos lieux de travail, il faut que la loi et les accords collectifs s’appliquent et que les employeurs prennent toutes leurs responsabilités, il faut que de nouvelles dispositions encadrent mieux nos lieux et nos conditions de travail. 

« Sales connes » ou non, celles et ceux qui veulent combattre la culture du viol dans nos secteurs sont les bienvenu·es dans notre syndicat. N’hésitez pas à nous rejoindre pour mener la lutte, ensemble et uni·es.

Paris, le 17 décembre 2025.