Le Conseil national du Syndicat Français des Artistes interprètes réuni le 19 avril 2022 tient à alerter sur le risque d’accession au pouvoir de l’extrême droite, lors du second tour de l’élection présidentielle. La liberté et la diversité de nos métiers courent un danger immédiat, ainsi que nombre de nos droits en tant qu’artiste. Nous appelons à faire barrage à l’extrême droite dimanche prochain dans les urnes. Est-il besoin de rappeler que le vote blanc n’est pas compté parmi les suffrages exprimés en France ?

Face aux menaces que feraient peser une présidence d’extrême droite sur la liberté d’expression, les droits des femmes, des étrangers et des Français issus de minorités ethniques, religieuses ou sexuelles, les artistes interprètes ne peuvent rester sans réaction. Nous ne pouvons nous résoudre à ce que la France rejoigne les rangs des régimes autocratiques, tels que la Hongrie ou la Pologne.

Sans donner de blanc-seing au bilan du président actuel, et sans aveuglement sur son futur projet ou l’honnêteté de ses promesses, nous ne pouvons néanmoins nous résigner à laisser l’État être dirigé par un parti héritier de celui fondé par des collaborationnistes et des Waffen SS, et dont de nombreux dirigeants et militants ont été condamnés pour leurs propos et actes racistes ou xénophobes. Le SFA a eu trop de fois l’obligation de s’exprimer contre les tentatives avortées – ou malheureusement réussies – des pouvoirs locaux détenus par ces élu·e·s d’empêcher la diffusion de spectacles trop « humanistes » ou « cosmopolites » à leurs yeux.

Nous sommes conscients qu’un nouveau mandat de Macron n’empêchera pas la progression et la « normalisation » des idées fascisantes dans notre pays.

Nous savons aussi que le quinquennat qui vient de s’achever a vu l’adoption de lois liberticides, la répression brutale des mouvements sociaux, l’affaiblissement et le contournement de la démocratie sociale. L’exercice solitaire du pouvoir du président sortant a vidé les ministères, dont celui de la culture, de leur capacité à mener une politique de service public à la hauteur de ce que le pays mérite.

Notre responsabilité en tant qu’artistes et militant·e·s syndicaux est d’appeler clairement à dire non à l’extrême droite dimanche prochain. Mais, ne nous leurrons pas, même en cas de défaite de Marine le Pen, les 5 prochaines années seront difficiles sans un réveil social.

Plus que jamais nous appelons les artistes à s’unir et à se syndiquer pour penser les ripostes et les alternatives. C’est par la construction d’un rapport de force que nous obtiendrons des améliorations sur nos salaires et nos conditions de travail, et que nous favoriserons un accès large à la culture, à l’éducation et à la santé pour toutes et tous, facteurs indispensables de l’émancipation du plus grand nombre.

Dans les urnes, dès dimanche et aux législatives, dans la rue dès le 1er mai et dans toutes nos actions communes, plus nous serons nombreux et actifs, plus nous aurons la possibilité de peser pour construire notre avenir.

Paris, le 22 avril 2022