Article paru dans Plateaux n°204 - 1er trimestre 2011
Ou plutôt aurions-nous dû titrer : « Le ministère de la culture achève le TEP ».
Nous venons en effet d’apprendre que le TEP s’appellera désormais le Tarmac.
Nous ne pouvons assister sans réaction à la suppression d'un trait de plume de ce sigle qui pendant près d'un demi siècle, dans le droit fil de la décentralisation dramatique née après la Libération, a incarné le théâtre populaire dans l'est parisien.
Cette nouvelle éclaire cruellement ce que nous ne cessons de dénoncer depuis des mois : le ministère se livre à une attaque en règle contre la création artistique vivante. Encore un lieu de création qui disparaît et pas n’importe lequel : un symbole.
Le TEP naît en 1963 dans la continuité de la Guilde de Ménilmontant, troupe amateur créée par Guy Rétoré en 1951 et devenue troupe permanente en 1960. Installé dans un cinéma de quartier rue Malte Brun, à l’emplacement de l’actuel Théâtre de la Colline, il devient Centre dramatique national en 1966 avant d'être nommé théâtre national en 1972. Sans doute le Tarmac a-t-il besoin de visibilité, mais en vérité les trois lettres que l'on veut effacer lui feraient moins d'ombrage que de lumière!
C’est bien une page de l’histoire de la décentralisation théâtrale et de la création dramatique que le ministère a choisit de tourner définitivement. La destruction méthodique dont nous parlions dans un précédent numéro est à l’œuvre. Un signe de mauvais augure alors que dans le même temps le Ministère nous annonce une loi d’orientation. Cette loi que nous appelons de nos vœux risque bien de se transformer en une loi de démolition.
Le Bureau national