Plateaux n°224

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Trimestre: 
Janvier / février / mars 2016

édito

Rarement les artistes interprètes auront eu à faire face à autant d’adversité. Nos métiers sont attaqués. Notre intelligence est attaquée. Notre dignité est attaquée.

La loi sur le travail, dite loi El Khomri, en inversant la hiérarchie des normes, veut empêcher les salarié-e-s, dont les artistes interprètes, de bénéficier de la protection des conventions collectives, et les livrer au bon vouloir des employeurs dans chaque entreprise. Ce sont également tous les droits sociaux - comme la prévoyance et la mutuelle pourtant conquis tout récemment - qui sont remis en cause. À terme, le projet de loi, s’il voit le jour, dépouillera les syndicats du pouvoir de défendre ces salariés.

La lettre de cadrage validée par certains négociateurs de la nouvelle convention d’assurance chômage, mine tellement le système spécifique pour les artistes et techniciens du spectacle que celui-ci risque de disparaitre, soit au bénéfice d’une caisse autonome sans moyens, soit totalement. C’est une manière comme une autre de procéder pour faire baisser radicalement le nombre « d’intermittents ».

Un « autre moyen », réside dans l’article 11 A de la loi sur la liberté de création, l’architecture et le patrimoine (LCAP), qui vise à empêcher la majorité des artistes et techniciens du spectacle de vivre de leur métier, en permettant l’engagement d’artistes bénévoles dans les productions exploitées commercialement.

Nous ne sommes évidemment pas les seul-e-s attaqué-e-s par la loi El-Khomri. Nous ne sommes évidemment pas les seul-e-s qui sont attaqué-e-s par les orientations de l’Union européenne, reprises par le gouvernement français, certaines centrales syndicales et la plupart des employeurs dans le cadre des modifications recherchées dans les règlements d’assurance chômage.

On voit que toutes ces mesures ont suscité des réactions de résistance, à des degrés divers, parmi des citoyen-ne-s dans les dernières semaines, et c’est tant mieux ! Il se peut que ces luttes de résistance convergent. Ce serait sans doute logique, puisque c’est la même philosophie libérale qui inspire toutes ces attaques.

En tout cas, les artistes interprètes sont concernés de façon spécifique par chacune de ces attaques, et se doivent d’être présent-e-s dans chacune de ces luttes. La généralisation des luttes et leur éventuelle convergence ne doivent pas faire disparaître les caractéristiques spécifiques de chacune d’entre elles, et donc les artistes doivent participer activement à la défense de toutes et tous, à travers la défense de leurs propres intérêts. Il ne faut pas laisser la lutte pour nos droits aux autres, mais nous devons être présent-e-s avec les autres, tout en affirmant notre propre identité d’artiste interprète.

Le SFA peut être un outil efficace dans cette période mouvementée et dangereuse. Nous en sommes convaincu-e-s. Nous sommes convaincu-e -s que c’est même un outil essentiel. Il faut le construire ensemble. Il faut le construire maintenant.

sommaire

  • Politiques culturelles

-> Le travail artistique gratuit contre la présomption de salariat : késaco ?

  • Spectacle vivant

-> Baisse des salaires des artistes dans le spectacle vivant subventionné

  • Social

-> Assurance chômage : les négociations se poursuivent, la lutte doit les appuyer !

-> 1936, un continent oublié

  • Audiovisuel

-> La LCAP dilue les quotas de musiques françaises à la radio

-> Salaires de l'édition phono

-> Doublage : les directeurs artistiques se rebiffent

-> Création d'un fonds INA/USS

  • Propriété intellectuelle

-> 26 avril : joyeuse journée internationale de la propriété intellectuelle !

  • Juridique

-> Le recours aux agents artistiques