Pour la dixième fois, l'ADAMI a
organisé début décembre à Cabourg les Rencontres européennes des artistes. Ce
fut l'occasion de passer deux jours au bord de la mer pour échanger sur les droits
voisins des artistes interprètes, les évolutions technologiques, juridiques et
sociétales auxquelles nous sommes confrontés et le devenir de nos métiers dans
ces contextes.
Pas pour la première fois, le thème cette année était
centré essentiellement sur Internet, avec trois ateliers:
- L'artiste de demain, visions et réalités;
- Tous en ligne !
Quelle valeur ajoutée ? Quel partage ? Économie et enjeux de la distribution
numérique;
- Numérique : un
bouleversement de la chaîne des droits ?.
Le premier atelier a
surtout fourni un échange d'expériences et d'impressions -souvent subjectives-
de plusieurs artistes, théoriciens et opérateurs culturels. Aucune vision
unifiée n’en est sortie ; peut-être c’est bien ce brouillard qui est la seule
chose partagée... Ou bien c'est que le numérique, la disponibilité facile des
outils informatiques et l'Internet bouleversent effectivement la donne et que l'avenir
des artistes professionnels -créateurs ou interprètes- est sérieusement menacé.
Le deuxième atelier
a permis d'appréhender le fonctionnement économique de plusieurs modèles de
distribution sur Internet, particulièrement dans le domaine musical. Certains
sont basés sur la publicité, d'autres sur l'abonnement, d'autres sur le
paiement à l'acte. L'abondance de l'offre et la difficulté de choisir rendent
important le rôle du prescripteur, mais là aussi il est difficile de savoir à
qui se fier, les média traditionnels ayant également une grande difficulté à
trouver leur voie dans ce nouveau monde numérique. Tous étaient d'accord pour
dire que les artistes ne percevaient pas encore des sommes importantes dans ce
paysage.
Dans le troisième
atelier, la SACEM a promu l'idée de la nécessaire participation des opérateurs
de télécommunications à la création et à la rémunération des artistes et -comme
l'ADAMI- a souligné l'importance de la gestion collective dans le contexte de
l'Internet. Une juriste du Parlement européen s'est dite très pessimiste sur
une intervention des instances de l'Union en faveur des artistes mais a suggéré
qu'il fallait tenter d'arriver à des accords entre les divers partenaires
concernés. L'INA a souligné aussi l'importance d’accords collectifs imaginatifs
pour mettre les œuvres en circulation et pour rémunérer les créateurs. Le SFA a
rappelé l'importance de la filière de création/production/diffusion, du statut
de salarié des interprètes et de la négociation de conventions sur la cession
des droits exclusifs qui pourraient être utilement gérées ensuite
collectivement. Un avocat spécialisé en propriété intellectuelle a remarqué la
fluidité des droits de propriété intellectuelle à travers les siècles et mis
l’accent sur la nécessité pour la société de décider si ces droits de propriété
immatérielle étaient véritablement équivalents du droit de propriété matérielle.
Des synthèses des
propos des intervenants sont disponibles sur le site de l'ADAMI.
Ces journées ont
aussi été l'occasion de rendre des hommages émouvants et bien mérités à Jack
Ralite, Daniel Dares et Jean-Michel Boris.