Article paru dans Plateaux n°198 - 3ème trimestre 2009
Nous ne ferons pas de
résumé historique de ce dossier, depuis 1996 et surtout depuis l’échec de la conférence
diplomatique de décembre 2000, destinée à adopter le traité à l’Organisation
mondiale de la propriété intellectuelle. Nous l’avons évoqué dans de nombreux
articles depuis, à la rubrique « international » ou « propriété
littéraire et artistique ».
Nous l’évoquions encore
dans le dernier numéro dans le compte rendu de la réunion syndicats-sociétés de
gestion, tenue à Varsovie en mai 2009.
L’espoir renait, en effet
après plusieurs années pendant lesquelles la FIA n’a jamais lâché prise.
Quelques éléments marquants en faveur de la reprise du processus :
- l’unanimité de vues entre la FIA et la
FIM ;
- un nouveau directeur général à l’OMPI, Francis
Gurry, ouvert à nos problèmes et un directeur du département droit d’auteur,
Mike Keplinger, en faveur de ce traité ;
- des réunions « régionales » tenues ces
deux dernières années, organisées par l’OMPI, qui semblent montrer qu’une
majorité d’états est en faveur de ce traité ;
- enfin l’annonce de la tenue d’une
« consultation informelle » d’une journée, pendant la réunion
ordinaire du « comité de la Convention de Rome » nous a remis du
baume au cœur.
Mais il ne faut pas oublier
le travail effectué, en dehors des instances de l’OMPI (depuis 10 ans) par les
syndicats d’artistes interprètes au niveau national et par la FIA :
nombreuses adresses aux gouvernements, réunions avec les autorités européennes
(l’Union européenne siège à l’OMPI, comme les états membres), réunions avec les
producteurs américains, la MPA (Motion Picture of America) est le membre
principal, sinon omnipotent de la FIAPF (Fédération internationale des
associations de producteurs de films) dont –hélas- les associations de
producteurs français ne font pas partie…
Cette réunion de
« consultation informelle », s’est donc tenue le 8 septembre 2009 à Genève,
en présence des organisations professionnelles concernées. La délégation de la
FIA comprenait son secrétaire général, Dominick Luquer, ainsi que Brad Keenan
(Canada), Sam Masuyama (Japon), Bjorn Petersen (Danemark) et Catherine Alméras.
La FIM était également représentée, ainsi que la FIAPF.
En ce qui concerne les
sociétés de gestion, AEPO-ARTIS était également présente en la personne de son
secrétaire général Xavier Blanc accompagné de son assistante, ainsi que de
représentants d’AISGE (Espagne) et de l’ADAMI (Isabelle Feldman).
La réunion a été positive à
notre avis et les déclarations des associations professionnelles ont montré un
désir de rapprochement : le représentant de la MPA (Ted Shapiro) a été
clair et pratique ; il veut avoir la garantie qu’on ne retouchera pas les
19 articles « adoptés provisoirement » en 2000 et que le traité en ce
qui concerne le fameux article 12 sur le « transfert des droits » -quelle
que soit sa rédaction ou sa disparition- n’empiètera pas sur le système de
« work for hire » en vigueur aux Etats-Unis dans les contrats
d’artistes.
La FIA et la FIM sont
également prêtes à ne pas toucher aux 19 articles « adoptés
provisoirement » : pas parfaits mais qui ne portent pas préjudice aux
artistes interprètes.
Le seul bémol est venu, une
fois de plus, d’un des représentants de AEPO ARTIS, Abel Martin (Espagne) à qui
Xavier Blanc avait laissé la parole, et qui n’a pas pu s’empêcher de mentionner
certains des 19 articles du traité, en particulier en ce qui concerne le
« traitement national ».
Selon tout ce qui a été dit
en séance et hors séance, il semble bien que la balle soit dans le camp de la
FIA et de la FIM d’un côté et des producteurs de l’autre pour tenter de
résoudre le sujet de l’article 12 non adopté en 2000 sur le transfert ou non
des droits des artistes interprètes aux producteurs.
Prochaines étapes :
- tenue d’une réunion FIA – MPA
prochainement ;
- assemblée générale de l’OMPI fin septembre,
pendant laquelle sera signé officiellement un accord de coopération entre la
FIA, la FIM et l’OMPI (ce qui signifie la reconnaissance des syndicats au
niveau international dans le champ de la propriété intellectuelle, réservé
jusqu’alors plutôt aux sociétés de gestion) ;
- réunion du comité permanent du droit (SCCR) en
novembre à Genève.
Si l’importance d’un traité
international sur les droits des artistes interprètes dans l’audiovisuel peut
paraître à certains abstrait, lointain, etc. n’oublions pas que dans bien des
pays (de tous les continents), les artistes n’ont aucun droit de propriété
littéraire et artistique ni dans la législation, ni par accord collectif, ni
même de contrat écrit. Un socle minimal permet à tous d’améliorer les
situations nationales.