Plateaux N°198

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Trimestre: 
Juillet / Août / Septembre 2009

Edito n° 198

Si nous avons souhaité commémorer le cinquantenaire de la disparition de Gérard Philipe sur la une de notre revue, ce n’est pas tant pour rappeler à nos lecteurs le grand artiste, nul besoin d’un article dans notre journal pour cela : les souvenirs des uns, les films vus par les autres, suffisent. Mais il nous a semblé opportun, à un moment particulièrement difficile pour nos professions -comme pour nos publics- de se rappeler le sens de son engagement syndical, social, qui fut généreux, désintéressé, effectif et efficace. Au milieu de la crise financière, économique et sociale que nous vivons, il est bon de noter qu’un artiste en pleine activité, au sommet de sa gloire, ait pu consacrer de longues nuits et de longs mois à chercher à construire un outil de combat pour faire progresser le statut social des artistes interprètes.

Cinquante ans plus tard, nous voyons que tous les grands sujets de notre protection sociale restent à l’ordre du jour. Les élections à notre caisse de retraite complémentaire en sont un des aspects et comme nous ne cessons de le rappeler contribueront à la représentativité et à la force de notre syndicat.

2009 est aussi le cinquantenaire de la création par De Gaulle et Malraux du ministère de la Culture. Le gouvernement actuel le fête en mettant en place une réforme qui réduit les directions du ministère, diminue ses prérogatives, abaisse ses ambitions. Le Président crée un « machin » censé le concurrencer, mais en fait de projets, il ne fait que soutirer de l’argent à la rue de Valois et d’autres pour quelques opérations démagogiques dispersées privilégiant ainsi des projets gadgets à court terme sur une véritable politique culturelle à long terme. Le nouveau ministre laisse tomber les préconisations des Entretiens de Valois qui, quelles que soient nos réserves sur la méthode, ont fourni l’occasion aux professionnels du spectacle de se confronter et de dégager ensemble certaines pistes qui pourraient faire en sorte que la culture et plus particulièrement le spectacle vivant, redevienne un phare et une ressource pour des citoyens en besoin d’espoir et de repères. Au lieu d’annoncer une grande vision pour les prochaines cinquante années du ministère, une perspective ou une orientation pour la vie culturelle dans ce pays (et pourquoi pas une loi d’orientation, justement ?), nos dirigeants organisent du 13 au 15 octobre un colloque « comparatiste » sur les politiques culturelles des divers pays de l’Europe. Est-ce pour s’apercevoir que notre pays n’en a plus ? Ou pour s’auto proclamer les meilleurs ?

Il est temps que les artistes-interprètes se saisissent de leur syndicat et s’occupent de ce qui les concerne en premier lieu : la politique culturelle de leur pays. Il y va, non seulement de l’avenir de leurs métiers, mais aussi de la vie quotidienne de leurs concitoyens.

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